Chris Kraus, Raphaël Alix, Nicolas d’Estienne d’Orves
PAR NICOLAS D’ESTIENNE D’ORVES. FRANÇOIS BOURIN, 178 P., 12 €.
✸✸✸✸✸
Dans sa savoureuse Petite encyclopédie du mauvais goût, Nicolas d’Estienne d’Orves déclarait sa flamme à l’andouillette et aux boucheries chevalines. Membre du Club des cent, cette fine gueule a depuis longtemps prouvé son attirance pour une gastronomie sans oeillères – son roman La Dévoration mettait en scène un cannibale. Il récidive avec humour et appétit dans ce Petit éloge de la gourmandise, où défilent toutes les sortes d’abats, l’auteur se livrant sans retenue à ce qu’il appelle des « very good tripes ». Il faut avoir un estomac d’autruche pour avaler certaines spécialités vantées ici (intestins de chevreau, cervelle de cheval, etc.), mais on nous répondra que ce sont des plaisirs de poète. Après tout, Apollinaire lui-même ne raffolait-il pas de la tête de veau ?
Le petit-neveu du grand Honoré d’Estienne d’Orves résiste à sa manière. Impossible pour lui de collaborer avec l’occupation végétarienne. Quand il entend l’expression « sans gluten », il sort son revolver. Les bistros lui servent de maquis. Préférant le cidre au champagne, moins snob qu’on ne croit (il adore le McDo, les Kinder et les bonbons Haribo), il a eu la chance d’être élevé chez ses grands-parents, lesquels avaient des cuisinières. Malgré son passage adolescent dans une pension à la triste cantine, sa vie semble n’avoir été qu’une tournée des grands-ducs – il y a un chapitre épique où il raconte la fête que sa famille avait organisée au Fouquet’s pour ses 18 ans. Il faudrait citer d’autres passages délectables, mais une crampe à l’estomac nous rappelle qu’il est temps d’aller préparer des rognons. A table !