Crise du Covid : la double peine pour les femmes
La pandémie pourrait bien signer un recul notable en matière de parité.
C’est un faisceau de signes inquiétants. La pandémie pourrait bien avoir fait faire un véritable bond en arrière à la parité. Dès juin 2020, l’Organisation internationale du travail tirait la sonnette d’alarme. Avec le Covid-19, « le risque existe de perdre certains acquis de ces dernières décennies et d’aggraver les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail. [Leurs emplois] sont beaucoup plus menacés que ceux des hommes, en particulier en raison de la crise que traverse le secteur des services », pouvait-on lire dans une note de l’agence onusienne.
Est-ce le cas en France ? Les femmes sont-elles plus touchées par l’activité partielle ? Leurs revenus ont-ils davantage diminué ? Beaucoup le pensent. Les secteurs sinistrés, comme l’hôtellerie ou la restauration, sont très féminisés, entend-on. Impossible cependant d’avoir une photographie claire de la situation : les statistiques du ministère du Travail ne sont pas genrées. « En pleine crise, c’est inadmissible », s’emporte Brigitte Grésy, secrétaire générale du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Quelles mesures prendre si on ne dispose pas des bons thermomètres ?
En télétravail, elles ne sont pas mieux loties. Selon une étude du Boston Consulting Group, les femmes sont 1,3 fois moins nombreuses que les hommes à disposer d’un espace à elle à la maison. « Une chambre à soi » pour s’émanciper, comme le revendiquait Virginia Woolf… Son manque apparaît aujourd’hui comme le cruel révélateur d’un recul en matière d’égalité. ✸