L'Express (France)

Mexique Punta Mita, le refuge secret des people

A trois heures de vol de Los Angeles, ce paradis tropical fermé attire les Américains fortunés désireux d’échapper à la pandémie de Covid-19.

- FRÉDÉRIC SALIBA (MEXICO)

Les connaisseu­rs la surnomment « la péninsule du glamour ». Prisée par les stars – Lady Gaga, Jennifer Aniston, Justin Bieber, la famille Kardashian… –, l’enclave très sélecte de Punta Mita, au Mexique, avec ses deux plages de sable fin, sa végétation luxuriante et ses superbes villas avec vue sur l’océan Pacifique, est devenue le refuge des riches étrangers qui fuient les restrictio­ns sanitaires appliquées dans leurs pays. Alors que le territoire subit durement l’épidémie, la souplesse des mesures en vigueur attire les touristes, au point d’avoir hissé le Mexique du septième au troisième rang mondial en nombre de visiteurs l’an dernier.

« Punta Mita est la plus importante “communauté fermée” de luxe d’Amérique latine », explique Miguel Peregrina, directeur de la communicat­ion du Four Seasons, l’un des deux hôtels – avec le St. Regis – de ce petit paradis tropical en forme de botte. La discrète avancée de 6 kilomètres carrés, qui boucle la baie de Banderas dans le sud de l’Etat de Nayarit, dispose d’une cinquantai­ne de villas, de 14 bars branchés et de deux parcours de golf en bord de mer.

Pas question pour les palaces de révéler l’identité de leurs clients. Mais la presse locale s’est fait l’écho du passage de l’acteur et chanteur John Legend et de son épouse, le mannequin Chrissy Teigen, avec leurs enfants. Quant au DJ allemand Zedd ou à la plantureus­e égérie américaine d’Instagram Antje Utgaard, ils ont chacun posté des photos de Punta Mita sur les réseaux sociaux.

« Ici, pas de test obligatoir­e, pas de quarantain­e, pas d’amende », souligne Miguel Peregrina, dont l’établissem­ent accueille essentiell­ement des Américains capables de débourser jusqu’à… 15 000 dollars par nuit ! « Ils veulent des vols courts et de la distanciat­ion physique. Ils restent aussi plus longtemps qu’avant. Les séjours sont passés de six jours en moyenne à plus de trois semaines. Certains sont là depuis des mois et travaillen­t à distance », précise encore le manager. Le Four Seasons s’est adapté, en limitant sa capacité d’accueil à 30 % et en imposant des protocoles sanitaires stricts. La péninsule dispose même d’un hôpital privé, et l’hôtel a aussi mis en place un encadremen­t scolaire pour les enfants de ses clients. Les tarifs, cependant, n’ont pas baissé.

Les moins fortunés se rendent dans l’Etat de Quintana Roo, au bord de la mer des Caraïbes, qui est doté de trois joyaux balnéaires : Cancun, Playa del Carmen et Tulum. Covid oblige, les plages y sont plus clairsemée­s qu’à l’accoutumée. « La crise est bien là, mais elle est moins forte qu’ailleurs », observe le secrétaire au Tourisme mexicain, Miguel Torruco Marques. L’année dernière, le nombre de visiteurs étrangers a baissé de 46 % au Mexique, contre 74 % à l’échelle mondiale. En février, les deux tiers des vols internatio­naux vers le pays ont repris, après leur dégringola­de au début de la pandémie. Cependant, pour le ministre, si le secteur tient bon, c’est avant tout grâce au dynamisme du tourisme national, qui représente 76 % du marché en 2020.

Vice-président du groupe mexicain Palace Resorts, dont les 11 hôtels haut de gamme résistent à la crise, Gibran Chapur souligne pour sa part que, « en jouant la carte de la tolérance sanitaire, le gouverneme­nt évite la débâcle au secteur ». Avant de nuancer : « C’est une bonne chose pour l’économie, mais moins pour la pandémie, qui pourrait perdurer. » De fait, au sud du Rio Grande, le nombre de cas confirmés de Covid a dépassé les 2 millions. Et, avec plus de 180 000 morts, le Mexique est devenu le troisième des pays les plus endeuillés par le coronaviru­s, derrière les Etats-Unis et le Brésil. ✸

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