L'Express (France)

Le regard de l’expert et la question au notaire

Dans un rebond économique post-Covid, une augmentati­on des prix est possible. L’investisse­ur peut s’en protéger en achetant des actifs dits « réels », comme l’immobilier, les infrastruc­tures ou certains types d’actions.

- PAR THOMAS FRIEDBERGE­R

Depuis trente-cinq ans, l’inflation globale a régressé sous l’effet de la mondialisa­tion des échanges et des gains de productivi­té apportés par la technologi­e. Le débat sur une possible résurgence de l’inflation dans une économie post-Covid moins mondialisé­e et stimulée par des politiques monétaires et budgétaire­s d’une ampleur sans précédent est donc légitime. D’une part, les banques centrales injectent des montants de liquidité inédits dans le système financier et auront du mal à revenir radicaleme­nt en arrière. D’autre part, il est probable que l’économie de demain soit moins globalisée, ralentissa­nt et renchériss­ant la circulatio­n des biens et des services entre les Etats. On peut déjà le constater : aux EtatsUnis, en 2020, le revenu des ménages aura augmenté malgré la crise économique, en partie grâce aux mesures de soutien mises en place, mais aussi grâce à l’impact massif de la baisse des taux d’intérêt sur les emprunts immobilier­s. L’effet richesse créé laisse anticiper un rebond de consommati­on assez fort pour stimuler un retour de l’inflation. En Chine, les prix des denrées alimentair­es sont au plus haut depuis six ans. Si les prix du pétrole devaient continuer à progresser en 2021, cette tendance inflationn­iste pourrait accélérer.

L’investisse­ur doit donc réapprendr­e à en tenir compte, même s’il est peu probable que l’inflation soit aussi violente que pendant l’entre-deux-guerres ou dans les années 1970. Les actifs réels, comme l’immobilier ou les infrastruc­tures (routes, hôpitaux, éoliennes…), lorsqu’ils sont achetés au bon prix, constituen­t probableme­nt une bonne défense contre l’inflation. Idem pour les actions, cotées ou non, d’entreprise­s ayant une croissance organique régulière et un appareil de production léger – une société qui doit le renouveler régulièrem­ent pour rester compétitiv­e sera moins résiliente qu’une autre ayant peu d’actifs. Au bout du compte, quand le vent de l’inflation souffle de face, ce sont les meilleurs actifs et les meilleures entreprise­s qui s’extirpent d’un peloton beaucoup plus soumis à la sélection que lorsqu’il bénéficiai­t du vent dans le dos généré par la baisse régulière des taux d’intérêt.

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Thomas Friedberge­r est directeur général de Tikehau Investment Management.

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