Le regard de l’expert et la question au notaire
Dans un rebond économique post-Covid, une augmentation des prix est possible. L’investisseur peut s’en protéger en achetant des actifs dits « réels », comme l’immobilier, les infrastructures ou certains types d’actions.
Depuis trente-cinq ans, l’inflation globale a régressé sous l’effet de la mondialisation des échanges et des gains de productivité apportés par la technologie. Le débat sur une possible résurgence de l’inflation dans une économie post-Covid moins mondialisée et stimulée par des politiques monétaires et budgétaires d’une ampleur sans précédent est donc légitime. D’une part, les banques centrales injectent des montants de liquidité inédits dans le système financier et auront du mal à revenir radicalement en arrière. D’autre part, il est probable que l’économie de demain soit moins globalisée, ralentissant et renchérissant la circulation des biens et des services entre les Etats. On peut déjà le constater : aux EtatsUnis, en 2020, le revenu des ménages aura augmenté malgré la crise économique, en partie grâce aux mesures de soutien mises en place, mais aussi grâce à l’impact massif de la baisse des taux d’intérêt sur les emprunts immobiliers. L’effet richesse créé laisse anticiper un rebond de consommation assez fort pour stimuler un retour de l’inflation. En Chine, les prix des denrées alimentaires sont au plus haut depuis six ans. Si les prix du pétrole devaient continuer à progresser en 2021, cette tendance inflationniste pourrait accélérer.
L’investisseur doit donc réapprendre à en tenir compte, même s’il est peu probable que l’inflation soit aussi violente que pendant l’entre-deux-guerres ou dans les années 1970. Les actifs réels, comme l’immobilier ou les infrastructures (routes, hôpitaux, éoliennes…), lorsqu’ils sont achetés au bon prix, constituent probablement une bonne défense contre l’inflation. Idem pour les actions, cotées ou non, d’entreprises ayant une croissance organique régulière et un appareil de production léger – une société qui doit le renouveler régulièrement pour rester compétitive sera moins résiliente qu’une autre ayant peu d’actifs. Au bout du compte, quand le vent de l’inflation souffle de face, ce sont les meilleurs actifs et les meilleures entreprises qui s’extirpent d’un peloton beaucoup plus soumis à la sélection que lorsqu’il bénéficiait du vent dans le dos généré par la baisse régulière des taux d’intérêt.