RIDEAU NOIR

PAR FABIENNE PASCAUD. STOCK, 272 P., 19,50 €.

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Avec un théâtre momentanément en berne, les amoureux du spectacle vivant sont en manque. Voilà une bonne raison de se plonger dans le premier roman de Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction et critique dramatique de Télérama. Dans Rideau noir, diablement bien ficelé, qui flirte en permanence avec le fantastique et la sorcellerie, vous allez côtoyer des comédiens de l’extrême, habités au sens propre par leur personnage comme par ceux qui les ont incarnés avant eux. Le roman s’ouvre sur l’année 1947 : il y a là Laura, lauréate du Conservatoire et pensionnaire de la Comédie-Française à 21 ans ! Maurice Germain, son jeune camarade de promotion et discret amoureux ; et Charles Dotremont, grand tragédien au charme fou. Travelling avant : nous sommes en 2019 ; au fin fond du Berry, Irène, dramaturge, tombe par hasard sur la tombe de Laura ; Stéphanie, jeune actrice talentueuse, vit chez Maurice Germain, atteint d’Alzheimer, tandis qu’Emile, son agent, l’initie bientôt aux forces de l’occultisme.

Très vite, les allers et retours dans le temps vont se multiplier, et les fantômes d’hier venir envoûter les vivants d’aujourd’hui. Il y est aussi question des drames de la vie : passion amoureuse, matricide, viol, vengeance… qui ne sont pas sans rappeler les grandes tragédies du répertoire. Le lecteur spectateur est pris à la gorge. Fabienne Pascaud connaît son monde sur le bout des doigts. Elle connaît aussi ce feu ardent qui consume les plus grands comédiens. Après avoir lu Rideau noir, vous ne les regarderez plus jamais de la même façon.