Brésil « Bolsonaro pratique le darwinisme social »
Le directeur du très réputé Institut Butantan, à Sao Paulo, en charge de la production du vaccin chinois du laboratoire Sinovac, se déclare pessimiste quant à l’évolution de l’épidémie de Covid-19 dans son pays.
La situation sanitaire au Brésil préoccupe le monde entier. La France a-t-elle eu raison de suspendre les liaisons aériennes avec votre pays ? Dimas Covas Absolument. Le Brésil traverse une période critique, la pire depuis le début de la pandémie. Dès la deuxième vague, démarrée en janvier à Manaus, le bilan n’a fait qu’empirer. Actuellement,il y a 3 000 morts par jour. A la fin de mai, nous serons à 4 000 décès quotidiens. Et si le gouvernement fédéral continue à ne pas prendre la mesure de ce qui se passe, nous atteindrons le chiffre de 5 000 morts par jour. En juillet, à ce rythme, le Covid aura coûté la vie à 1 demi-million de Brésiliens.
On parle de 92 variants dans le pays... Une étude menée à Rio de Janeiro par la Fondation Oswaldo Cruz [qui fabrique le vaccin AstraZeneca] est parvenue à ce bilan. Mais seuls le variant initial, le P1, apparu à Manaus, et le P2, originaire de Rio de Janeiro, sont significatifs. Le variant anglais est également présent au Brésil, mais il circule moins. Le variant sud-africain commence aussi à se répandre. Pour l’instant, le P1 représente 70 % des cas de contamination. Or, plus le nombre de personnes contaminées est important, plus la probabilité que de nouveaux variants apparaissent augmente. Tant que la conjoncture ne sera pas maîtrisée, notre territoire sera hélas une sorte de fabrique naturelle de variants. C’est un sujet de préoccupation pour le monde entier : si le variant P1 se propage en France ou ailleurs, il déclenchera une vague épidémique plus grave que les