Le numérique révolutionne le stationnement
Pour que la recherche d’une place ne soit plus une épreuve, des outils connectés se multiplient, jusqu’à devenir parfois une source de revenus pour les entreprises.
Depuis l’avènement de l’automobile de masse, parquer son véhicule reste un éternel sujet de tensions et de nuisances dans les grandes agglomérations françaises. Et pourtant, les spécialistes font au fil des décennies le même constat : la saturation du stationnement public de surface contraste avec une sous-occupation chronique des parcs privés. Selon Thibaut Chary, président de la plateforme de location Yespark, 10 % des places détenues par les entreprises restent inutilisées, un chiffre qui monte à 20 % pour les bailleurs sociaux. Un déséquilibre à la source de plusieurs problèmes concrets : le temps de travail précieux perdu par les salariés en intervention en ville qui ont besoin de stationner et, pour les détenteurs des places non utilisées, une source de coût sans revenus associés. A contrario, d’autres entreprises se débattent avec un nombre de places insuffisant dans leurs locaux pour répondre à leurs besoins. Face à ces difficultés, les technologies connectées apportent des réponses de plus en plus efficaces.
La recherche de locataires et, surtout, la gestion des accès aux parkings et des contrats de location sont des tâches fastidieuses éloignées du coeur de métier des propriétaires de parkings sous-exploités. Le besoin se fait pourtant encore plus prégnant avec la crise du Covid-19. « Nous sentons une volonté de plus en plus forte de la part des sociétés de rentabiliser leur espace, elles anticipent une vacance de long terme liée au télétravail », confirme Thibaut Chary. Sa plateforme connectée gère 40 000 places de stationnement, dont 5 % appartiennent à des entreprises. « Nous avons digitalisé la totalité du processus : la réservation, le paiement, le service après-vente, la restitution et les moyens d’accès sont entièrement pris en charge par notre application. Grâce à un boîtier installé sur la porte du parking, le client y accède via son téléphone portable », explique-t-il. Le loueur comme le locataire ne s’engagent que pour une durée d’un mois, ce qui permet de reprendre rapidement le contrôle des emplacements en cas de besoin.
D’autres sociétés comme Zenpark ou encore Mobypark, qui utilisent également des boîtiers connectés et des applications, proposent de louer les places pour du stationnement ponctuel durant les plages horaires où elles ne sont pas utilisées par les salariés, par exemple les soirs et les week-ends. Certains propriétaires vont encore plus loin en changeant la destination de l’espace de parking, transformé en garage à vélo, à moto, ou carrément en hub logistique, comme c’est le cas pour certains parkings parisiens du gestionnaire Indigo, qui réfléchit depuis longtemps à la diversification des usages de son parc.
Passer un temps à la recherche d’une place est un cauchemar auquel les spécialistes du digital veulent remédier. Dans les quartiers où même les parcs souterrains sont saturés, il est désormais possible de réserver sa place grâce à des applications dédiées proposées par les grands exploitants. ParkingMap permet justement, via son application grand public gratuite, d’agréger toutes les données disponibles concernant le stationnement afin de visualiser d’un seul coup d’oeil les possibilités. Cette société s’adresse également aux entreprises qui souffrent d’un manque d’emplacements pour leurs salariés : « C’est parfois un vrai problème social, lorsque certains doivent tourner pendant une heure pour se garer. C’est pourquoi nous proposons à nos clients d’installer des capteurs sur les places afin d’alimenter une application qui offre de connaître à l’avance la disponibilité et de rediriger les employés sur un parking relais en cas de besoin. Cela leur permet également d’avoir une vision en temps réel de leur parc de stationnement et, par exemple, d’évaluer l’impact du télétravail sur le taux d’occupation », explique Christophe Plouviez, président de ParkingMap.
D’autres, comme Zenpark, proposent un système de réservation à même de prioriser l’accès des places en favorisant, par exemple, les salariés qui utilisent le covoiturage ou les personnes à mobilité réduite. La réservation permet également de gérer la rotation sur les places équipées de bornes de recharge, un enjeu crucial de l’électrification des flottes. C’est le cas chez Orange, dont les 920 bornes installées sur tout le territoire sont reliées à un système de gestion et à une application utilisée par les salariés. Souvent ignoré, le stationnement est pourtant bien un enjeu crucial de la révolution des mobilités.