Comment convertir ses collaborateurs aux transports écolos
Démonstrations pratiques et incitations financières s’avèrent plus persuasives que les discours barbants sur la défense de l’environnement.
Quel point commun entre Lactalis, L’Oréal ou Schneider Electric ? Ces trois fleurons français participeront dès septembre au premier Challenge des conducteurs pour le climat (C-Cube). « L’idée de ce concours est d’inciter les entreprises à relever un défi en six mois – par exemple, réduire le plus possible leurs émissions de CO2 en incitant leurs collaborateurs à adopter une conduite plus sobre ou en convertissant leur flotte à l’électrique », explique Cédric Borel, directeur général du cabinet A4MT, organisateur de l’événement. Pour la trentaine de sociétés qui prendront part à cette compétition, l’un des principaux objectifs est de stimuler de nouveaux usages parmi leurs salariés, bien au-delà des pompeux discours écologiques.
« Pour promouvoir une mobilité plus verte chez ses employés, une newsletter ne suffit pas », résume Cyprien Bardonnet, fondateur de Carl-Move, une start-up lyonnaise spécialisée dans la sensibilisation et la formation aux nouvelles mobilités. L’expert recommande donc aux DRH et aux cadres RSE de multiplier des animations thématiques, suffisamment concrètes pour permettre aux salariés de s’approprier ces nouveaux modes de déplacement. « L’autopartage, par exemple, nécessite d’être démystifié, car beaucoup jugent ce service trop compliqué ou contraignant à utiliser. Il suffit pourtant de le faire tester pour lever la plupart de leurs réticences », estime-t-il. Il intervient donc en entreprise pour prendre les salariés par la main, en leur expliquant comment créer un compte, utiliser l’application, déverrouiller le véhicule avant de les inviter à s’installer au volant pour s’initier aux rudiments de l’écoconduite (voir ci-contre).
Cette démarche pédagogique n’exclut pas d’insister sur les économies potentielles. « Dresser l’inventaire des dépenses d’entretien, de carburant, d’assurance et de stationnement peut faire réfléchir les inconditionnels de la voiture », conseille Marty Legros, consultant en mobilités durables pour le cabinet Inddigo. D’autant, estime l’expert, que ces propriétaires d’automobile ont très souvent tendance à sous-estimer ce budget, évalué en réalité de 4 000 à 6 000 euros par an, en moyenne. Le spécialiste invite, par ailleurs, les firmes à innover en multipliant les incitations. « Par exemple, en réservant des places de parking gratuites pour les seuls usagers du covoiturage », précise-t-il.
Mais pour encourager ses salariés à recourir aux mobilités douces, la carotte financière s’avère particulièrement alléchante. Plusieurs entreprises font donc l’effort de se montrer plus généreuses sur le remboursement des notes de frais de transport en commun. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) prévoit ainsi d’instaurer une « bourse carbone » au sein de ses services. « A chaque fois qu’un de nos collaborateurs préférera le train à l’avion, le budget de fonctionnement de son service sera abondé », explique Marc Cottignies, ingénieur expert au service transport et mobilité. Le Crédit agricole de Besançon, dans le Grand Est, a, quant à lui, pris la décision de financer 70 % des abonnements aux transports publics de ses salariés. Alors même que la loi l’obligeait à ne rembourser ses collaborateurs qu’à hauteur de la moitié.