Les Gafam vont devoir payer leur insolente santé
Les résultats record des géants américains de la technologie les exposent plus que jamais à une sanction politique.
Ils ont surpassé les pronostics, même les plus optimistes. L’insolente santé financière des géants de la technologie américaine ne se dément pas après plus d’un an de crise sanitaire. Les époustouflants résultats annoncés successivement par Google, Facebook, Apple et Amazon fin avril ont de quoi donner le tournis, surtout en cette période de l’année. D’ordinaire, une fois passées les fêtes de Noël, les annonceurs et les consommateurs n’ont plus le coeur aux dépenses et referment les cordons de leur bourse. Mais la pandémie aura décidément tout changé. Les plans de déconfinement et le retour à une vie normale dans de nombreux pays ont poussé les entreprises à augmenter leurs dépenses publicitaires pour attirer les clients.
Une aubaine pour Google et Facebook, dont les activités ont progressé respectivement de 34 % et 48 % d’une année sur l’autre ! D’autres comme Microsoft, Amazon et Apple ont continué de surfer sur le développement du télétravail avec des chiffres d’affaires record, en hausse de 12 % à 54 %. Les foyers continuent de s’équiper en ordinateurs et tablettes, notamment de marque Apple, et à se connecter à distance à des outils bien souvent hébergés chez Microsoft ou Amazon. Ces mastodontes de la tech bénéficient, indirectement, des plans de relance mis en place par les gouvernements. Au total, les Gafam ont encaissé de janvier à mars plus de 88 milliards de dollars de profits et cumulé, à eux cinq, 316 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Soit davantage que le produit intérieur brut annuel de la Grèce en 2020 !
Mais cette médaille a son revers. Les voilà plus exposés aux yeux des dirigeants politiques, prêts à les faire passer à la caisse, comme l’a martelé le président des EtatsUnis. L’impôt sur les sociétés doit ainsi être relevé de 21 % à 28 % outre-Atlantique, et plus question de les laisser utiliser leurs artifices pour loger leur trésorerie sous des cieux plus cléments. Joe Biden fait pression sur la communauté internationale pour adopter partout une imposition minimale de 21 % , proposition derrière laquelle Berlin et Paris se sont déjà rangés. « Les gens en ont marre que les grandes entreprises ne paient pas leur juste part de l’impôt », a lâché notre ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, a, lui, ô surprise, soutenu Joe Biden dans sa démarche. Son groupe vient de dégager sur son premier trimestre autant de bénéfices que sur les trois années cumulées de 2017 à 2019. Peut-être se dit-il que payer un peu plus d’impôts pourrait calmer les ardeurs des élus qui cherchent à encadrer davantage les Gafam, voire à scinder leurs activités. Un moyen, en somme, d’acheter la paix.