Ecosse : vers un Royaume de plus en plus désuni
En refusant le référendum, Boris Johnson met à mal le principe d’une union consentie entre les nations du Royaume-Uni.
L’affrontement entre la Première ministre de l’Ecosse, Nicola Sturgeon, et le chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, ne fait que commencer. Il pourrait durer plusieurs années et dégrader un climat politique déjà bien mis à mal par le Brexit. Forte, après les élections régionales du 6 mai, d’une majorité d’élus en faveur de l’indépendance au Parlement d’Edimbourg, à un siège de la majorité absolue pour son parti, le Parti national écossais (SNP), Sturgeon a annoncé qu’elle comptait organiser un nouveau référendum d’autodétermination une fois que l’épidémie de Covid-19 sera maîtrisée.
La question n’est pas de savoir « s’il aura lieu, mais quand », a-t-elle déclaré. Cela dépendra en premier lieu du conservateur Boris Johnson, dont le parti a triomphé lors des élections locales en Angleterre le même jour. S’il était d’accord, le processus pourrait être lancé dès maintenant. Mais il ne veut pas rester dans l’Histoire comme l’homme ayant permis la fin de l’union de 314 ans entre l’Ecosse et l’Angleterre. Pour lui, ce type de consultation ne doit être organisé « qu’une fois par génération » – les Ecossais ont déjà rejeté à 55 % l’indépendance en 2014.
Une fin de non-recevoir inacceptable pour Nicola Sturgeon, alors que le oui et le non sont dorénavant au coude-à-coude dans les sondages. Si nécessaire, son gouvernement fera passer une loi référendaire sans l’aval de Londres – charge à Boris Johnson de la contester devant la Cour suprême du Royaume-Uni. « Cela démontrerait que Westminster ne gouverne plus l’Ecosse avec le consentement de celle-ci, mais par force majeure », selon Michael Keating, professeur de sciences politiques à l’université d’Aberdeen. Ce serait un tournant pour le Royaume-Uni, qui se définit comme un partenariat entre quatre nations consentantes. A refuser aux Ecossais leur référendum, « BoJo » mettrait paradoxalement à mal ce principe cardinal de la politique britannique. Et risquerait de renforcer la cause indépendantiste.