L'Express (France)

Oui, envoyer nos doses d’AstraZenec­a vers l’Afrique a du sens

De l’autre côté de la Méditerran­ée, les taux de vaccinatio­n sont trop faibles et les vaccins chinois manquent d’efficacité.

- PAR SÉBASTIEN JULIAN

D’ici à la mi-juin, la France fournira 500 000 doses d’AstraZenec­a à destinatio­n de l’Afrique dans le cadre du dispositif d’aide Covax. Certains y voient un moyen de se débarrasse­r d’un stock devenu impossible à écouler, en raison de la forte méfiance des Français. Cet envoi au sud de la Méditerran­ée a pourtant du sens. Rappelons tout d’abord une évidence : nous ne sortirons pas de la pandémie si l’on se contente de vacciner dans les nations riches. Pour l’instant, à l’exception du Maroc, où 13 % de la population a reçu une première injection, les taux de vaccinatio­n sont compris entre 0 et 4 % sur le continent africain, compte tenu d’un approvisio­nnement insuffisan­t. Certes, les laboratoir­es chinois ont déjà fourni des doses à une douzaine de pays. Mais la qualité de leurs vaccins laisse les experts sceptiques : des études menées au Brésil et au Chili évoquent une efficacité proche de 50 %. « Dans ces circonstan­ces, mieux vaut compter sur AstraZenec­a, dont l’efficacité a été prouvée », souligne un épidémiolo­giste.

Bien sûr, l’accès aux doses, aussi important soit-il, ne garantit pas le succès d’une campagne. Les comités techniques, montés en partenaria­t avec l’OMS afin de conseiller les Etats africains, devront demeurer vigilants sur les variants, dont la surveillan­ce pêche du fait des moyens limités en épidémiolo­gie moléculair­e. Sur place, les autorités devront aussi faire face à la défiance des population­s à l’égard des vaccins, encouragée par le nombre relativeme­nt bas de cas de Covid et les déboires d’AstraZenec­a en Europe. Mais d’ici là, l’essentiel reste d’accélérer les campagnes vaccinales. Et la France, par son geste, y contribue.

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