Oui, envoyer nos doses d’AstraZeneca vers l’Afrique a du sens
De l’autre côté de la Méditerranée, les taux de vaccination sont trop faibles et les vaccins chinois manquent d’efficacité.
D’ici à la mi-juin, la France fournira 500 000 doses d’AstraZeneca à destination de l’Afrique dans le cadre du dispositif d’aide Covax. Certains y voient un moyen de se débarrasser d’un stock devenu impossible à écouler, en raison de la forte méfiance des Français. Cet envoi au sud de la Méditerranée a pourtant du sens. Rappelons tout d’abord une évidence : nous ne sortirons pas de la pandémie si l’on se contente de vacciner dans les nations riches. Pour l’instant, à l’exception du Maroc, où 13 % de la population a reçu une première injection, les taux de vaccination sont compris entre 0 et 4 % sur le continent africain, compte tenu d’un approvisionnement insuffisant. Certes, les laboratoires chinois ont déjà fourni des doses à une douzaine de pays. Mais la qualité de leurs vaccins laisse les experts sceptiques : des études menées au Brésil et au Chili évoquent une efficacité proche de 50 %. « Dans ces circonstances, mieux vaut compter sur AstraZeneca, dont l’efficacité a été prouvée », souligne un épidémiologiste.
Bien sûr, l’accès aux doses, aussi important soit-il, ne garantit pas le succès d’une campagne. Les comités techniques, montés en partenariat avec l’OMS afin de conseiller les Etats africains, devront demeurer vigilants sur les variants, dont la surveillance pêche du fait des moyens limités en épidémiologie moléculaire. Sur place, les autorités devront aussi faire face à la défiance des populations à l’égard des vaccins, encouragée par le nombre relativement bas de cas de Covid et les déboires d’AstraZeneca en Europe. Mais d’ici là, l’essentiel reste d’accélérer les campagnes vaccinales. Et la France, par son geste, y contribue.