Quand la pandémie dissuade les couples de faire des enfants
Le rythme des naissances semble aller de pair avec la situation sanitaire.
Le projet était prévu de longue date. En 2021, Laura* souhaitait plus que tout tomber enceinte de son premier enfant. A 26 ans, la jeune femme s’imaginait déjà parcourir les magasins du centre de Grasse avec son conjoint à la recherche d’un berceau ou d’une poussette. Et puis ce Covid qui n’en finit pas. « La pandémie a mis en stand-by mon plus beau projet de vie », lâche-t-elle.
Laura n’est pas la seule à avoir dû mettre en pause son projet de bébé. L’Insee remarque ainsi une chute de 7 % du nombre de naissances entre décembre 2020 et décembre 2019
– un phénomène observable dans de nombreux pays développés. Selon Gilles Pison, chercheur associé à l’Institut national des études démographiques, ces chiffres pourraient s’expliquer par « une montée de l’angoisse et de l’incertitude chez certains couples » face au Covid.
Selon l’Insee, d’autres préoccupations ont également joué dans le découragement des futurs parents, comme la fermeture des centres de procréation médicalement assistée (PMA). Charlotte fait ainsi partie de ces femmes dont la grossesse a été retardée au début de l’année dernière, le centre s’occupant de sa PMA n’ayant pu lui proposer une nouvelle insémination qu’en novembre 2020. « C’était déjà un parcours du combattant, et le coronavirus est venu s’ajouter à tout ça », raconte cette restauratrice, aujourd’hui enceinte de six mois.
Pour Gilles Pison, il faut s’attendre à ce que le taux de natalité en 2021 « suive le rythme des confinements, déconfinements et reconfinements » de l’année précédente. Le mois de janvier 2021, durant lequel sont nés les bébés conçus au plus fort du confinement, a ainsi connu une baisse de 13 % des naissances par rapport à 2020 – soit la plus forte chute depuis la fin du baby-boom en 1975.
Enfin, selon les données encore provisoires de l’Insee, les naissances se sont rétablies en mars 2021, avec 61 300 nouveau-nés, contre
60 800 en mars 2020. « Il faudra voir si cette récupération continue, prévient Gilles Pison. Ou si elle s’effondre à nouveau en juillet, neuf mois après le deuxième confinement. »