NON / « LE RÉGIME COMMUNISTE REPRÉSENTE UNE MENACE CROISSANTE »
Nous devons ériger des limites à l’influence du Parti-Etat et d’un modèle économique antagonique avec notre liberté future. Il y a vingt ans, un grand sinologue, Perry Link, avait mis en garde contre « l’anaconda dans le lustre » : en clair, l’appareil du parti unique restait intact même s’il était moins visible au sein du miracle économique. En 2021, l’anaconda est sorti du lustre : le Parti communiste est omniprésent dans le pays, y compris dans les entreprises privées chinoises et étrangères ; et l’expression dissidente ou même critique a disparu. Le culte de la personnalité de Xi Jinping atteint des niveaux inégalés depuis Mao. Grâce à ses progrès dans les technologies digitales, le régime est doté d’instruments de surveillance sans recours légal, et de moyens d’espionnage et de cyberguerre. Au Xinjiang, il a déclenché contre les musulmans un dispositif concentrationnaire inédit depuis le goulag maoïste. A Hongkong, un traité international protégeant les libertés est caduc vingt-sept ans avant son terme. A l’extérieur, la Chine met chaque année en service plus de navires de guerre que tout autre pays. Et elle déploie ses armes contre nombre de ses voisins.
Oui mais... c’est loin. Douce Europe, bercée de tendre insouciance, aurait dit Trenet. Là où l’empire du Milieu est proche, c’est dans les rayons de nos supermarchés. Une dépendance économique préoccupante, car le pays ne sépare plus commerce et politique. L’un après l’autre, les Etats très engagés avec la Chine subissent menaces et chantage. Ce qui se présente comme une demande d’équidistance – entre Pékin et Washington – adressée à l’Europe a toutes les chances de devenir une soumission aux objectifs géopolitiques chinois. L’UE serait naïve de penser qu’elle peut accentuer son intégration économique avec cet Etat tout en conservant ses valeurs, son pouvoir de critique et son autonomie.