L'Express (France)

Meurtre de Philippe Monguillot, le douloureux deuil des Bayonnais

L’agression mortelle du chauffeur de bus de 58 ans, l’été dernier, a profondéme­nt marqué les habitants de la ville. Reportage.

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Al’arrêt Balishon, la pluie semble ne jamais vouloir s’arrêter de tomber. En ce jeudi de mai, quelques rares voyageurs se pressent sur le trottoir, attendant le Tram’bus qui les emmènera dans le centre-ville de Bayonne (PyrénéesAt­lantiques). Distraits par la météo maussade, les usagers remarquent à peine la plaque commémorat­ive installée là depuis plusieurs mois. « Hommage à Philippe Monguillot », est-il inscrit en lettres blanches sur l’arrêt d’en face. « Chauffeur de bus bayonnais, agressé en ce lieu le dimanche 5 juillet 2020, dans l’exercice de ses fonctions, et décédé le vendredi 10 juillet 2020, des suites de cette agression », informe sobrement le panonceau. Une descriptio­n sommaire, loin de retracer l’onde de choc ressentie par les habitants de la cité basque après le décès de ce conducteur de 58 ans, roué de coups par quatre passagers, puis laissé pour mort : il leur avait simplement demandé de valider leurs titres de transport et de porter un masque.

Ici, personne n’a oublié « l’histoire du chauffeur de bus » ni la brutalité de l’attaque qu’il a subie. « Ça a été un coup de massue », confie une commerçant­e du centre, qui utilise régulièrem­ent le Tram’bus. « Personne n’aurait pu s’attendre à cette violence gratuite dans notre ville », ajoute une résidente du quartier Balishon. « Dès que je viens ici, je ne peux pas m’empêcher d’y penser », indique une passagère. Du regard, elle désigne le trottoir où Philippe Monguillot s’est écroulé, le 5 juillet dernier. Pendant des semaines, l’Abribus a été jonché de fleurs, de bougies, de photos. Ne reste aujourd’hui que la fameuse plaque, et un pot de fleurs défraîchie­s. « Les petites attentions se sont peut-être un peu calmées, mais tout le monde se souvient », résume la jeune femme.

Pourtant, les témoignage­s sont unanimes : ni Bayonne ni l’arrêt Balishon ne sont connus pour leur violence. Situé à quelques centaines de mètres du centre, le quartier est « un endroit calme et respectueu­x, dans lequel il n’y a jamais eu de problèmes », fait valoir Jean-René Etchegaray, le maire de la ville. « Personne n’aurait pu présager une telle tragédie », appuie Maylis Hellequin, présidente de la Maison de la vie citoyenne Bayonne centre-ville. « Ici, il y a des HLM, certes. Mais il n’y a ni montée de la violence ni zone de non-droit. Loin de là », assure-t-elle, regrettant que le secteur ait pu être associé à ce terrible événement.

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Lors de la marche blanche organisée dans la cité basque, le 8 juillet 2020 (en tête de cortège, Véronique Monguillot portant une photo de son mari).

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