Faut-il maintenir le grand oral du bac ?
Si certains demandent l’annulation de cette épreuve inédite au profit du contrôle continu, d’autres voix s’élèvent pour en pointer les avantages.
OUI / « C’EST UNE BONNE OCCASION DE S’ENTRAÎNER AVANT LE PASSAGE DANS LE SUPÉRIEUR »
Cette épreuve qui dure vingt minutes et se déroule en trois temps – exposé de l’élève sur l’une des deux questions portant sur ses spécialités, discussion avec le jury, échange sur son projet d’orientation – est totalement inédite. Mais l’avantage est que le candidat a la possibilité de préparer en amont un sujet qu’il a choisi. Il n’y aura donc pas de surprise. Pour rassurer les lycéens, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé quelques aménagements. Les candidats pourront notamment s’appuyer sur les notes prises pendant le temps de préparation. Ils remettront également aux examinateurs un courrier rédigé par leur enseignant listant les points du programme qui n’auront pas été suffisamment – voire pas du tout – étudiés durant cette année particulière.
La crise sanitaire n’a évidemment pas facilité la préparation, mais le travail, qui consiste essentiellement à collecter de l’information, à l’organiser et à l’énoncer, ne me paraît pas insurmontable et a pu souvent être anticipé. Oui, certains jeunes sont naturellement plus à l’aise que d’autres lorsqu’il s’agit de prendre la parole. Mais la préparation de cette épreuve va justement permettre aux plus timides ou à ceux qui n’ont pas conscience de leur potentiel de faire tomber certaines barrières. C’est également une bonne occasion de s’entraîner avant le passage dans le supérieur, où l’on considère souvent que ce point est acquis, ce qui est parfois loin d’être le cas. L’élève va se retrouver confronté à des examens oraux, des colles en prépa, des prises de parole publiques.
Même si les lycéens étaient déjà encouragés, par le passé, à s’exprimer, par exemple à l’occasion d’exposés ou pendant les cours de langues, la perspective de cet examen va donner une impulsion supplémentaire, car cet oral représente 10 % de la note globale en voie générale et 14 % en voie technologique. Dans les établissements, je constate d’ailleurs qu’il y a une vraie mobilisation des équipes. De nombreux élèves seraient frustrés par l’annulation de l’épreuve, et je suis sûr que ces derniers pourront compter sur la bienveillance des jurys, qui sont, eux-mêmes, constitués de professeurs de lycée.