La Bourse et la maladie des rachats d’actions
Les grandes entreprises cotées, gagnantes de la crise, utilisent leurs monceaux de liquidités pour acquérir leurs propres titres.
C’est un problème de riches. Une preuve supplémentaire, aussi, que quelque chose ne tourne pas complètement rond sur la planète finance. Les grandes entreprises cotées, notamment celles de la tech, grandes gagnantes de la pandémie, sont assises sur un matelas de trésorerie tellement épais qu’elles utilisent les monceaux de cash amassés depuis le début de la crise sanitaire afin de racheter leurs propres actions. Entre janvier et avril, les sociétés américaines ont déjà mis sur la table 484 milliards de dollars pour se lancer dans une vaste campagne de rachats de leurs titres. Un niveau jamais atteint en quasiment deux décennies. Et sur l’ensemble de l’année 2021, les sommes dépensées pourraient grimper de 35 % par rapport à l’an passé, d’après les estimations de la banque d’affaires Goldman Sachs.
Les entreprises les plus dispendieuses ? Apple et Alphabet – la maison mère de Google –, qui ont annoncé il y a peu vouloir acquérir pour respectivement 90 et 50 milliards de dollars de leurs propres actions. En Europe et en France notamment, si le phénomène est moins marqué, des géants comme L’Oréal, LVMH ou Carrefour ont décidé de prendre le même chemin. Une stratégie purement financière et court-termiste qui sert aussi à faire monter leurs cours de Bourse et soigner leurs actionnaires. Lesquels pourraient également bénéficier de la remontée prévue des dividendes versés, après une année 2020 de vaches maigres. Les champions du CAC seraient ainsi à même de distribuer un peu plus de 40 milliards de dividendes, pas très loin du record de 2019... avant le Covid. Le « monde d’après » a un singulier parfum de celui d’avant.