Epargne solidaire : des produits pour tous les goûts
Livrets de partage, parts de capital d’entreprises engagées, fonds d’investissement... Les placements soutenant les projets à forte utilité sociale séduisent de plus en plus.
Donner du sens à ses économies est une expression fort usitée ces derniers temps, presque galvaudée. Pourtant, le sujet est loin d’être neuf : l’épargne solidaire permet depuis bien longtemps de mettre de l’argent de côté tout en finançant des projets à forte utilité humaine, dans le domaine de l’insertion par l’emploi, du logement social, de l’environnement, ou encore de la solidarité internationale. « Cette finance recherche l’impact avant la rentabilité », précise Frédéric Tiberghien, président de l’association de référence Finansol, qui promeut ce segment et labellise tous les ans les placements qui y sont dédiés. Le concept séduit les Français : l’encours de l’épargne solidaire a atteint un record de plus de 15 milliards d’euros fin 2019, en croissance de 18 % par an en moyenne sur les cinq dernières années. 2020, malgré son contexte très particulier, devrait marquer une nouvelle progression.
L’offre est suffisamment vaste pour répondre aux différents profils. Les plus frileux peuvent se tourner vers les livrets de partage, à l’instar du livret Agir du Crédit coopératif, qui concentre un tiers des encours de l’épargne de partage. Avec ce produit, la banque reverse la moitié des intérêts annuels à une association, choisie parmi une vaste sélection. Ce qui ouvre droit à la réduction d’impôt des dons (correspondant à 75 ou 66 % des sommes versées, selon l’association soutenue et le montant). Si les encours de ces produits ne cessent de progresser, les dons qui en résultent ont, eux, eu tendance à décroître ces derniers temps. La faute à la baisse des taux d’intérêt. « Nous arrivons tout de même à générer de 2,5 à 3 millions d’euros de dons par an et, quand les taux remonteront, ce montant augmentera mécaniquement », souligne Imad Tabet, directeur du marché de particuliers au Crédit coopératif. En attendant, Finansol réfléchit à élargir cette catégorie de placements. « Nous travaillons à moderniser les produits de partage en les élargissant aux dons sur arrondis de paiement, par exemple (don de la différence entre le montant réel et l’arrondi supérieur) », explique Frédéric Tiberghien.
Le produit le plus répandu est un fonds, et plus précisément un fonds d’épargne salariale. Ces placements pèsent près des deux tiers des encours de l’épargne solidaire, et même les trois quarts si on leur adjoint les fonds distribués en dehors de l’épargne salariale. La logique est cette fois tout autre. « Ces fonds comportent deux parties, détaille Laurence Laplane, directrice de l’investissement à impact chez Amundi. La première génère l’essentiel du rendement ; elle est investie dans des titres cotés sélectionnés sur la base du profil rendement/risque de l’épargnant ; la seconde, qui peut aller jusqu’à 10 % du fonds, est investie dans des entreprises non cotées issues pour la plupart de l’économie sociale et solidaire ; elle génère l’essentiel du sens du fonds solidaire. » Il ne s’agit cette fois pas de don mais bel et bien d’investissement. « Notre engagement sur cette poche solidaire, c’est d’être en mesure de rendre le capital aux épargnants assorti d’une performance financière cohérente avec l’impact recherché », poursuit la gérante. Ces supports devraient encore se développer dans les prochaines années avec l’obligation, instaurée par la loi Pacte, de référencer au moins un produit solidaire dans les contrats d’assurance-vie à partir du 1er janvier 2022. « Nous savons que beaucoup d’assureurs préparent des unités de compte, mais nous n’avons pas encore constaté d’afflux de demandes de label », indique Frédéric Tiberghien.
Enfin, l’épargnant qui souhaite flécher son investissement peut investir directement au capital d’entreprises solidaires, via des parts sociales ou des actions non cotées. De nombreux organismes sont éligibles, comme les foncières Terre de liens et Habitat et humanisme, qui acquièrent respectivement des fermes ou des logements pour les personnes en difficulté, ou la coopérative Les 3 Colonnes, qui fournit des solutions de maintien à domicile pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Si la rémunération est faible, voire nulle, la plupart de ces investissements donnent droit à la réduction d’impôt pour investissement dans les PME (25 % depuis le 9 mai et jusqu’au 31 décembre 2021). Certains sont même éligibles au plan d’épargne en actions (PEA).