Le renouveau de la thalasso
Infrarouges, stimulation sensorielle… Le thermalisme se réinvente pour attirer une clientèle plus jeune, sans renier ses principes traditionnels.
Attendez-vous à l’inattendu. » Le centre Thalasso & Spa Barrière à La Baule (Loire-Atlantique), qui vient de rouvrir ses portes après plusieurs mois de travaux et quelques confinements, annonce fièrement sa métamorphose. Ses 3 000 mètres carrés ont été entièrement repensés et modernisés en vue d’une nouvelle expérience de bien-être. Au-delà de la décoration audacieuse, loin du carrelage blanc et froid, et de la nouvelle salle hightech Sport’Connect, c’est surtout la carte des soins qui se veut innovante. La technologie s’invite dans les traitements traditionnels : l’enveloppement d’algues est optimisé par les infrarouges longs d’un sauna japonais, tandis qu’un bassin de stimulation sensorielle, « Siesté », vous place en lévitation dans l’eau chaude pour un rééquilibrage énergétique profond. Autre nouveauté : le spa se dote d’une partie médicalisée, en partenariat avec la clinique des ChampsElysées, pour prodiguer des soins esthétiques noninvasifs comme l’hydrafacial ou le coolsculpting.
« La thalasso souffrait d’une image trop “thermale”, avec une clientèle vieillissante, explique Yoakim Tregaro, le directeur de l’établissement, chargé de cette petite révolution. Dans ce micromarché d’une cinquantaine de centres en France, il fallait nous différencier en créant la surprise. » L’objectif assumé : attirer une clientèle plus jeune en gagnant dix ans sur l’âge moyen actuel, qui est de 55 à 65 ans. De là à perdre de vue l’essence même de la thalasso ? « La mer reste au coeur de tous nos programmes avec au minimum deux soins fondamentaux par jour, assure ce professionnel. Et nous avons enrichi notre crème d’algues en eaux-mères de Guérande, plus concentrées en sels minéraux, magnésium et oligo-éléments. » Voilà qui rassure. Parce que, depuis le xixe siècle, ce sont bien les vertus combinées du climat marin, de l’eau salée et des algues que viennent chercher les curistes. Et ils sont visiblement nombreux !
Avant la rentrée, le Miramar La Cigale au Port du Crouesty, à Arzon (Morbihan), ou les Thermes marins de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) – qui rouvrent le 11 juin – affichaient complet. Pourtant, pas de grande innovation au sein de ces deux centres historiques, qui ont choisi de remettre en avant leurs offres classiques les plus demandées en ces temps troublés : prévention, santé et remise en forme. « Les bienfaits des soins et de l’immersion dans l’eau de mer à une température de 35 à 36 °C ont été démontrés dès trois jours : – 70 % de fatigue, – 31 % de stress, + 88 % de détente, – 55 % de douleur et + 106 % de souplesse* », détaille Jean-Michel Colleu, directeur du centre de Saint-Malo. « C’est la synergie de soins d’eau qui est efficace pour drainer l’organisme, le reminéraliser et le détendre, confirme Muriel Pessotto, directrice de la thalasso Miramar La Cigale. Fini, les protocoles renouvelés tous les ans ! Nous souhaitons surtout valoriser notre savoir-faire à une époque où la demande de bien-être est très forte. » Lucille Gauthier-Braud, directrice des tendances beauté chez Peclers, analyse cet engouement : « La thalasso est une symbiose sensorielle avec l’eau, qui compose la majorité de notre organisme. Plus que jamais, on ressent un besoin vital d’être reconnecté à cet élément régénérant, symbole de longévité. Alpha de la beauté, il est même considéré comme un actif à part entière dans le souci de mieux vivre et de mieux vieillir. » Euripide, déjà, en était convaincu : « La mer lave les maux de tous les hommes. »