NON / « LE CARACTÈRE INÉGALITAIRE DE CETTE ÉPREUVE A ÉTÉ RENFORCÉ PAR LA CRISE SANITAIRE »
Dès le départ, nous avons pointé du doigt l’aspect profondément inégalitaire du grand oral. On sait que la maîtrise de la prise de parole en public est une compétence très marquée socialement. Or, à partir du moment où aucun temps de préparation dédié à cette épreuve n’est prévu, les inégalités ne peuvent que se renforcer.
A ces difficultés initiales sont venues s’ajouter celles engendrées par la crise du Covid-19. Les établissements scolaires ont été amenés à s’organiser différemment. Dès le mois de novembre, certains sont passés en mode hybride (mélange de présentiel et de distanciel), d’autres ont basculé plus tard, ou bien pas du tout. Donc tous les lycéens n’ont pas pu travailler de la même façon.
Des collègues ou des élèves nous ont confié qu’ils n’avaient eu le temps de préparer correctement qu’une seule des deux questions. Il faut aussi savoir que les consignes ont été données très tardivement aux enseignants, qui sont, aujourd’hui encore, confrontés à des informations parfois contradictoires.
La troisième partie de l’épreuve, qui concerne le projet d’orientation du candidat, est particulièrement problématique. Avec la période de pandémie que nous vivons, interroger les élèves sur leurs projets, les évaluer selon leur capacité à se projeter dans l’avenir, les questionner sur des aspects personnels ne nous semble pas être une bonne idée.
Voilà pourquoi nous continuons de demander l’annulation de cette épreuve, même si cette perspective nous paraît de plus en plus improbable. Car ce grand oral représente le totem de la réforme de Jean-Michel Blanquer. C’est un marqueur de réussite pour le ministre, qui veut pouvoir cocher cette case quand viendra le temps du bilan.