L'Express (France)

NON / « LE CARACTÈRE INÉGALITAI­RE DE CETTE ÉPREUVE A ÉTÉ RENFORCÉ PAR LA CRISE SANITAIRE »

- PAR SOPHIE VÉNÉTITAY Sophie Vénétitay, professeur­e de sciences économique­s et sociales, secrétaire générale adjointe du Snes-FSU.

Dès le départ, nous avons pointé du doigt l’aspect profondéme­nt inégalitai­re du grand oral. On sait que la maîtrise de la prise de parole en public est une compétence très marquée socialemen­t. Or, à partir du moment où aucun temps de préparatio­n dédié à cette épreuve n’est prévu, les inégalités ne peuvent que se renforcer.

A ces difficulté­s initiales sont venues s’ajouter celles engendrées par la crise du Covid-19. Les établissem­ents scolaires ont été amenés à s’organiser différemme­nt. Dès le mois de novembre, certains sont passés en mode hybride (mélange de présentiel et de distanciel), d’autres ont basculé plus tard, ou bien pas du tout. Donc tous les lycéens n’ont pas pu travailler de la même façon.

Des collègues ou des élèves nous ont confié qu’ils n’avaient eu le temps de préparer correcteme­nt qu’une seule des deux questions. Il faut aussi savoir que les consignes ont été données très tardivemen­t aux enseignant­s, qui sont, aujourd’hui encore, confrontés à des informatio­ns parfois contradict­oires.

La troisième partie de l’épreuve, qui concerne le projet d’orientatio­n du candidat, est particuliè­rement problémati­que. Avec la période de pandémie que nous vivons, interroger les élèves sur leurs projets, les évaluer selon leur capacité à se projeter dans l’avenir, les questionne­r sur des aspects personnels ne nous semble pas être une bonne idée.

Voilà pourquoi nous continuons de demander l’annulation de cette épreuve, même si cette perspectiv­e nous paraît de plus en plus improbable. Car ce grand oral représente le totem de la réforme de Jean-Michel Blanquer. C’est un marqueur de réussite pour le ministre, qui veut pouvoir cocher cette case quand viendra le temps du bilan.

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