GRAND CALME
Deux histoires se croisent. La première est racontée par Karson Durie, un spécialiste des glaces qui travaille avec une demidouzaine de scientifiques sur la base d’Arcosaur, installée sur une île dérivante de l’Arctique. Durie commence par relater son émoi lors de l’arrivée de Rebecca Fenn, spécialisée dans l’étude des nuages, en cours de rupture amoureuse avec Kurt Vanderbyl, le chef de la mission. Il lui tourne autour, la séduit, provoque l’ire de son ex, et prend note des comportements inquiétants du mutique Ray Deville, qui semble mal supporter les conditions extrêmes des travaux sur la base. La seconde histoire débute à Algonquin Bay, dans la province canadienne de l’Ontario, avec la disparition d’une femme, Laura Lacroix, au sortir d’un motel où elle venait de quitter son amant. Les inspecteurs John Cardinal et Lise Delorme sont chargés de l’enquête. Grâce au tuyau d’un propriétaire de clubs échangistes, Lise découvre le corps d’une femme dans un hôtel jamais achevé, au coeur d’une forêt recouverte par la neige. Sauf qu’il ne s’agit pas du cadavre de Lacroix, mais de celui de l’épouse d’un sénateur, les mains entravées, morte de froid au terme de longues heures d’agonie.
La force de Grand calme réside dans le mystère du point de rencontre de ces deux récits. Lesquels se déroulent de manière autonome, et pourraient presque se sufre à euxmêmes. Une intrigue amoureuse entre les deux enquêteurs, assez drôle, pimente même le second. Minutieux, très documenté, et forcément glaçant, le livre ne révèle sa véritable nature qu’en ses dernières pages : une histoire de vengeance, doublée d’un questionnement moral sur la légitimité de celleci.