De l’audace pour obtenir au moins 6 % l’an
Un épargnant qui accepte les risques peut espérer gagner 6 % par an en moyenne sur une longue durée. C’est le défi que nous avons lancé à nos trois spécialistes. Découvrez comment ils ont réparti l’épargne au sein de leur assurance-vie pour y parvenir.
Lorsqu’on a du temps devant soi, les nerfs solides, une certaine appétence pour les marchés financiers et un minimum de patrimoine, il est possible de pousser le curseur du risque assez loin dans son contrat d’assurance-vie. Pour s’aventurer sur ce terrain, nous avons demandé à trois spécialistes de nous construire des allocations correctement diversifiées. Notre objectif ? Viser une performance annuelle de 6 % au moins sur une longue période, pour un père de famille de 40 ans, et désireux de placer 20 000 euros sur une assurance-vie. Son horizon de temps : au moins dix ans. Son profil d’épargnant : assurément dynamique !
Avec un tel profil, nos spécialistes vont pouvoir s’en donner à coeur joie. Nous leur précisons néanmoins une contrainte supplémentaire : limiter leurs portefeuilles à huit supports au maximum afin de garder une bonne lisibilité. Axa, la MACSF et Linxea ont de nouveau relevé le défi sur leurs contrats respectifs, à savoir Arpèges, RES Multisupport et Linxea Avenir (Suravenir). Voici les portefeuilles détaillés (voir infographie, page XVI).
Bien sûr, la part de fonds en euros est abaissée par rapport aux allocations proposées pour un client au profil équilibré. L’actif garanti reste néanmoins bien présent, avec 30 % du portefeuille d’Axa et de Linxea, et 20 % de celui de la MACSF. « Dans une assurance-vie, il y a toujours une dimension sécuritaire, estime Thierry Goument, d’Axa. Le fonds en euros permet au client, en cas de besoin, de récupérer des liquidités sans être assujetti au risque boursier. » En outre, les marchés sont à
leur plus haut historique. « En cas de krach, on pourra piocher dans cette poche de liquidités pour réinvestir », signale Yves Conan, de Linxea. Par ailleurs, pour l’épargnant désireux de rehausser encore le niveau de risque du portefeuille, Linxea suggère de remplacer 10 à 15 % de l’allocation en euros par des supports immobiliers, de type organisme de placement collectif en immobilier (OPCI) ou société civile immobilière (SCI), comme Capimmo (Primonial) ou Dynapierre (Swiss Life). « Nous préférons ces supports à des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) car ils comportent peu de frais d’entrée, ces derniers pouvant donc être absorbés rapidement », précise Yves Conan.
Ensuite, deux stratégies distinctes sont proposées. Axa conserve exactement les mêmes fonds que dans son portefeuille équilibré. Seules les proportions changent. L’assureur mise beaucoup sur ses deux fonds communs de placement à risque (FCPR) maison, qui pèsent désormais plus de 20 % de l’allocation. Ces produits, traditionnellement réservés à la clientèle fortunée, sont rarement disponibles dans un contrat aussi grand public qu’Arpèges, accessible à partir de 1 000 euros. « Nous estimons que 80 % de nos clients peuvent investir sur des FCPR au titre de la diversification de leur épargne, à l’exclusion des profils les plus sécuritaires et les moins avertis », explique Thierry Goument. Sur le sujet, le courtier en ligne Linxea est plus prudent. « Nous réservons les fonds de private equity aux profils avec les horizons de placement les plus longs, notamment ceux qui ont une sensibilité marquée pour l’investissement dans les PME, mais nous préférons lorsque ces investissements sont réalisés dans le cadre d’une gestion pilotée par un professionnel », indique Yves Conan.
Les portefeuilles proposés par la MACSF et Linxea pour notre client dynamique diffèrent de l’offre conçue pour le profil équilibré. Le socle reste commun mais quelques supports complémentaires viennent relever le profil de risque et renforcer l’exposition aux Bourses
« Les actions émergentes apportent de la performance mais aussi de la volatilité »
internationales. La mutuelle, moinsdisante sur le fonds en euros, compense en allouant 20 % de son allocation à des fonds patrimoniaux. Elle ajoute ainsi dans sa sélection le fonds Carmignac Patrimoine, choisi pour sa flexibilité et sa réactivité aux à-coups des marchés. Après quelques années de vaches maigres, ce fonds star de la maison Carmignac Gestion a réussi un retour en fanfare en 2020, avec une performance de 12,4 %, malgré des conditions adverses. Chez Linxea, les produits diversifiés du profil équilibré laissent la place au fonds R-co Valor de Rothschild & Co AM, dont le tempérament est plus agressif.
Par ailleurs, les deux maisons intègrent, sur leur socle de fonds internationaux, un produit d’actions émergentes. C’est le fonds Médi Emergents (géré par Amundi) chez la MACSF et Carmignac Emergents chez Linxea. Axa dispose aussi de cette brique avec le support JP Morgan Emerging Markets Equity Fund. « Les actions émergentes apportent un surplus de performance au portefeuille sur le long terme mais aussi de la volatilité », souligne Yves Conan. La MACSF ajoute en outre un produit pur sur les actions américaines. « Très orienté sur les valeurs de croissance et le secteur de la technologie, le fonds JP Morgan US Select Equity Plus est complémentaire avec le fonds d’actions internationales géré par DWS, orienté vers les secteurs défensifs de rendement comme la santé et la consommation », détaille Maud-Kelly Crapeau, de la MACSF. Linxea, de son côté, complète son panel de fonds actions avec un support réputé d’actions essentiellement françaises, Moneta Multi Caps. Ces portefeuilles conservent leur exposition aux petites et moyennes capitalisations ainsi que, pour la MACSF, aux métaux précieux.
A noter, en revanche, l’absence de produits sectoriels (sur la santé, l’énergie…) ou dotés d’une thématique précise. « Nous ne souhaitons pas proposer de fonds purement thématiques dans les allocations permanentes car ils offrent des profils trop marqués », justifie Maud-Kelly Crapeau. C’est alors à l’épargnant ayant une sensibilité à certains thèmes ou secteurs d’ajuster son portefeuille en intégrant les supports de son choix, à petite dose, dans le cadre de la gestion libre.
Ces portefeuilles sont conçus pour le long terme, ils ne visent pas à spéculer sur les tendances de marché mais à offrir une composition robuste dans le temps. Il sera néanmoins utile de les revoir régulièrement. Tout d’abord, car un fonds est à même de décevoir. Si une contre-performance peut se concevoir pendant douze à dix-huit mois, au-delà, mieux vaut le remplacer par un autre produit. Enfin, il peut être nécessaire de faire évoluer son portefeuille pour que ce dernier reste adapté à ses besoins. « On ne peut pas s’asseoir sur son contrat pendant dix ans et l’oublier, prévient Thierry Goument. La vie du client change et les marchés aussi : ces allocations nécessitent du suivi et de l’accompagnement. »