L'Express (France)

Pourquoi connaître l’origine de la pandémie de Covid-19 est essentiel

- PAR STÉPHANIE BENZ ET YOHAN BLAVIGNAT

En répondant aux questions que le monde se pose, Pékin pourrait contribuer à renforcer la sécurité sanitaire mondiale.

De 3 à 4 millions de morts, au moins. De 3 à 4 millions de raisons de tout faire pour comprendre la genèse de cette pandémie qui a mis la planète à l’arrêt et bouleversé nos existences. Si cela ne suffisait pas, connaître les origines du Covid permettrai­t sans doute aussi d’éviter que ce dramatique scénario ne se rejoue.

D’écrans de fumée chinois en fake news trumpistes, le mystère reste entier, dix-huit mois après l’émergence du Sars-CoV-2. Origine zoonotique, avec un virus passé de la chauve-souris à l’homme, peut-être par un intermédia­ire ? Accident de laboratoir­e survenu à Wuhan, la capitale mondiale de la recherche sur les coronaviru­s ? Dans le premier cas, retrouver l’ancêtre de ce microbe dans la nature, appréhende­r la manière dont il est parvenu jusqu’à nous permettrai­t de renforcer la surveillan­ce sanitaire, un peu comme on guette aujourd’hui les virus aviaires de la grippe. Dans le deuxième cas, il s’agirait de mieux encadrer les travaux des chercheurs. Des normes internatio­nales seraient alors indispensa­bles, avertissen­t déjà certains scientifiq­ues occidentau­x, de façon à mettre toutes les équipes sur le même pied, quelle que soit la région du globe où elles exercent.

Mais saura-t-on seulement un jour ? La réponse se trouve quelque part dans l’empire du Milieu, l’obtenir dépend de la bonne volonté de Pékin. Le 26 mai, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a donné quatreving­t-dix jours à ses services secrets pour lever le voile. Mais, en admettant qu’ils trouvent des indices probants en faveur de l’une ou l’autre des hypothèses, que vaudra cette vérité américaine ?

Ce dont le monde a besoin, c’est d’une investigat­ion scientifiq­ue indépendan­te sur place. Dans les laboratoir­es de Wuhan comme dans les zones les plus reculées du Yunnan, province peuplée de rhinolophe­s, ou « chauves-souris fer à cheval », hôtes des virus connus les plus proches de celui qui a contaminé l’espèce humaine depuis la fin de l’année 2019. Les Chinois ont peur d’une telle enquête, peur de perdre la face, peur d’être pointés du doigt. Ce serait pourtant tout à leur honneur que de permettre au reste de la communauté internatio­nale d’approcher de la vérité.

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