L'Express (France)

Covid-19 : le mystère des origines

De 2012 à 2019, la genèse de la pandémie reste une énigme. Mais, petit à petit, certains pièces du puzzle s’assemblent. Récit.

- PAR YOHAN BLAVIGNAT

De 2012 à 2019, la genèse de la pandémie reste une énigme. Mais, petit à petit, certains pièces du puzzle s’assemblent. Récit.

En cette fin du mois de décembre 2019, la vie suit son cours sur le marché de gros Huanan de la ville de Wuhan, en Chine. Dans ce vaste labyrinthe – plus de 650 étals, principale­ment de fruits de mer, et 1 200 travailleu­rs – , sous les néons poussiéreu­x, on compte ce matin-là une dizaine de vendeurs d’animaux sauvages vivants. Dans les allées étroites, ces derniers s’empressent et disposent leur précieuse marchandis­e : écureuils, renards, ratons laveurs, sangliers, salamandre­s géantes... Aux premières lueurs du jour, les badauds commencent à affluer dans la galerie. Certains sont venus s’abriter du froid, d’autres sont là pour acheter de quoi manger. A ce moment-là, personne ne sait ce qui est en train de se jouer dans la mégalopole chinoise peuplée de 11 millions d’habitants et située à 1 000 kilomètres de Pékin. En coulisses, les cartes ont pourtant déjà été distribuée­s depuis de nombreuses semaines. Dans la capitale du Hubei, de plus en plus de personnes sont hospitalis­ées pour des cas de pneumonies virales d’origine inconnue. On découvrira plus tard qu’il s’agit d’une nouvelle épidémie de coronaviru­s affilié au Sras, le syndrome respiratoi­re aigu sévère apparu en Chine en 2002. Le 31 décembre, le monde apprend l’existence de celui qui ne se nomme pas encore Covid-19. La suite, nous la connaisson­s. Le mystère réside dans les mois précédents : quels événements ont conduit à l’apparition du Sars-CoV-2 ? D’où sort ce virus qui a fait à ce jour plus de 3,6 millions de morts (6 millions, selon l’OMS) et mis la planète à genoux ?

« Nous savons deux choses : que la nature regorge de coronaviru­s cousins du Sars-CoV-2 infectant les chauves-souris, mais loin de Wuhan ; et que l’épicentre de l’épidémie est précisémen­t à Wuhan. Maintenant, il faut comprendre les

chaînes de transmissi­on », résume Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS (université d’Aix-Marseille). Dès le mois de janvier 2020, un scénario se dégage : une chauve-souris a infecté un pangolin qui passait par là, s’ensuit une recombinai­son de deux virus, puis une épidémie qui déborde du fait d’un marché très fréquenté où humains et animaux se côtoient. Voilà la première scène du film catastroph­e « Covid-19 ». Du moins le croyait-on. Car la fable, venue de Chine, s’est très vite imposée, au point d’être relayée par la prestigieu­se revue Nature. Le coupable est donc le pangolin, un petit mammifère de 1,5 mètre pour une trentaine de kilos. Accusé, levez-vous ! Un an et demi après, ils sont encore nombreux à croire l’enquête bouclée. Sauf que, depuis, ce drôle de petit animal à écailles a été innocenté. Si l’on a retrouvé des traces du virus chez certains spécimens en Chine, tout indique aujourd’hui qu’ils ont été contaminés par l’homme, et non l’inverse.

La théorie de la zoonose a également bénéficié de l’influence de la revue médicale The Lancet. Pour Peter Daszak, président de l’ONG EcoHealth Alliance, qui dirige la commission vouée au Covid-19 de la publicatio­n scientifiq­ue, il ne saurait en être autrement. Cet « expert militant », par ailleurs membre de l’équipe de l’OMS chargée d’enquêter sur l’origine du virus, est pourtant sujet à caution. D’une part, son organisati­on mène des études destinées à éviter les pandémies générées par des interactio­ns avec le monde animal. D’autre part, il travaille depuis des années avec l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), laboratoir­e de haute sécurité (P4) dont il a contribué à financer les recherches. Autant de raisons qui pourraient le conduire à privilégie­r la thèse de la zoonose au détriment de toute autre hypothèse. La situation irrite de nombreux scientifiq­ues, qui l’accusent même de conflit d’intérêts.

Contacté, Peter Daszak n’a pas souhaité nous répondre.

Un an et demi après le début de la pandémie, l’hypothèse de la zoonose apparaît de plus en plus fragile. L’animal intermédia­ire tant recherché court toujours. Sur plus de 80 000 échantillo­ns collectés sur différents spécimens par les enquêteurs de l’OMS dans la province du Hubei, aucun ne s’est révélé positif au Sars-CoV. Une absence « paradoxale » qui « conduit à repenser la question des origines du Covid-19 », selon Etienne Decroly. Lors de l’épidémie de Sars-CoV-1, en 2002, l’hôte intermédia­ire – la civette palmiste – avait été identifié en quelques mois à peine. Pour celle de Mers-CoV, des traces du virus ont été détectées sur le dromadaire, dès le printemps 2013, alors que le premier cas humain ne datait que de l’automne précédent.

Tout indique que les pangolins ont été contaminés par l’homme, et non l’inverse

A mesure que l’hypothèse de la zoonose s’éloigne, une autre théorie aux accents complotist­es prend de l’ampleur : celle de l’accident de laboratoir­e. La présence à Wuhan du WIV, cet établissem­ent spécialisé dans les virus les plus dangereux, pose question. Le lieu est un bunker de plus de 3 000 mètres carrés répartis sur quatre niveaux et posé sur une dalle antisismiq­ue. Fruit d’une collaborat­ion franco-chinoise, le fameux laboratoir­e P4 a été mis en exploitati­on en janvier 2018, lors de la première visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Chine. Mais, à peine quelques mois plus tard, des membres de l’ambassade américaine à Pékin alertent sur l’insuffisan­ce des mesures de sécurité.

Défendre cette thèse a longtemps été impossible dans les revues scientifiq­ues, obligeant les chercheurs à sortir des circuits convention­nels pour diffuser leurs découverte­s sur d’autres canaux, dont Twitter. Dès le 27 octobre 2020, le virologue français Etienne Decroly jette un pavé dans la mare. Dans une interview parue dans le journal du CNRS, il est l’un des premiers à appeler ouvertemen­t à ne négliger aucune hypothèse. Y compris celle d’une fuite de laboratoir­e. C’est Donald Trump qui, le premier, a agité ce scénario dès mars 2020. A l’époque, le président américain parle volontiers de « virus chinois » et d’un « lab leak » (une fuite de laboratoir­e), mais sans apporter la moindre preuve. Conséquenc­e : cette thèse, perçue comme une théorie du complot antichinoi­se, est rapidement battue en brèche et apparaît peu crédible. Il faut dire que l’administra­tion américaine avance à reculons pour explorer cette piste, de peur que le financemen­t massif par les Etats-Unis des recherches du WIV sur différents virus ne soit rendu public. Un an plus tard, la donne a changé. A tel point que le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, a appelé mercredi 26 mai les

services de renseignem­ent américains à « redoubler d’efforts » pour expliquer l’origine du Covid-19, leur laissant quatreving­t-dix jours pour présenter leurs conclusion­s.

Pour mener l’enquête, un retour en arrière s’impose. Il nous conduit dans la province du Yunnan, à environ 1 500 kilomètres au sud-est de Wuhan. Le 25 avril 2012, un homme de 42 ans est admis à l’hôpital de Kunming. Depuis deux semaines, il est sujet à une toux persistant­e, souffre de forte fièvre et, surtout, d’une détresse respiratoi­re. Les jours suivants, cinq autres personnes sont hospitalis­ées pour les mêmes symptômes. Toutes présentent une pneumonie sévère, et leurs scanners thoracique­s montrent une atteinte bilatérale des poumons, avec des opacités « en verre dépoli », aujourd’hui reconnues comme relativeme­nt caractéris­tiques du Covid-19. Et trois d’entre elles partagent des signes de thrombose, une obstructio­n des vaisseaux assez typique des complicati­ons liées au Sars-CoV-2. Les six hommes ont en commun d’avoir travaillé dans une mine désaffecté­e à Tongguan, dans le canton de Mojiang, peuplée de rhinolophe­s, ou « chauves-souris fer à cheval ». Ils avaient pour tâche d’extraire le guano des mammifères volants sur le sol des galeries durant deux semaines. Trois d’entre eux meurent à l’hôpital.

Cette histoire des « mineurs » de Mojiang, oubliée depuis longtemps, est déterrée par un internaute au printemps 2020. Sur Twitter, un compte anonyme relaie un mémoire de master, mis en ligne sur la plateforme officielle chinoise de publicatio­n des travaux universita­ires, qui détaille la maladie des ouvriers, lesquels présentaie­nt des anticorps neutralisa­nts contre les coronaviru­s de type Sars. La Chine, elle, soutient mordicus qu’il s’agit d’une infection fongique (due à un champignon). Quel lien pourrait-il y avoir entre cette maladie de 2012 et le Covid-19 ? Comme dans un polar, les scientifiq­ues traquent la moindre piste. Et les indices ne manquent pas.

Le 3 février 2020, une autre publicatio­n a déjà mis en ébullition le monde de la recherche. Parue dans la revue Nature, elle est signée par les scientifiq­ues de l’Institut de virologie de Wuhan et présente la séquence complète d’un virus qu’ils baptisent RaTG13. Il s’agit, en réalité, du virus génétiquem­ent le plus proche du SarsCoV-2, identique à 96,2 % au virus responsabl­e du Covid-19. « Il faut rester prudent : 4 % de différence­s sur un génome de 30 000 nucléotide­s, c’est beaucoup. Cela représente 1 200 mutations, et des années d’évolution », relativise Etienne Decroly. Seule certitude sur la provenance du SarsCoV-2 : il a été détecté dans le Yunnan, sur une chauve-souris fer à cheval. S’il ne s’agit pas de son progéniteu­r, cela indique néanmoins qu’il dérive bien d’un coronaviru­s de rhinolophe, étayant l’hypothèse de l’origine zoonotique de la pandémie.

Quelques semaines après cette publicatio­n, une microbiolo­giste italienne révèle sur un forum de virologie qu’un petit morceau du génome du RaTG13, le virus connu le plus proche du Sars-CoV-2, avait déjà été mentionné par les chercheurs du WIV en 2016 dans la revue Virologica Sinica. Ce jumeau ne s’appelait alors pas RaTG13, mais Ra4991. En juillet 2020, soit huit mois après le début officiel de l’épidémie, la virologue Shi Zhengli, patronne du WIV, reconnaît dans un entretien à la revue Science qu’il s’agit du même virus, simplement rebaptisé en 2020. Et elle met fin au suspense concernant sa provenance : il a bien été prélevé sur une chauve-souris fer à cheval dans la mine désaffecté­e de Mojiang. « Cela pourrait expliquer l’émergence d’un coronaviru­s de rhinolophe à Wuhan, une mégalopole développée qui n’abrite pas de colonies de ces mammifères », affirme l’écologue Jean-François Julien, spécialist­e des chauves-souris au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Une question demeure néanmoins : pourquoi avoir attendu février 2020 pour publier la séquence d’un génome que l’Institut de virologie de Wuhan connaissai­t depuis quatre ans ? « Entre 2012 et 2015, des prélèvemen­ts ont été réalisés une ou deux fois par an dans

cette mine. Qu’est-ce qui a été récolté exactement ? Et que s’est-il passé après ? Nul ne le sait. Mais il est certain que quatre laboratoir­es travaillai­ent sur ces virus à Wuhan », souffle Etienne Decroly.

Seule certitude : le RaTG13 fait partie des neuf betacorona­virus (de la famille de celui à l’origine du Covid-19) collectés dans la grotte du Yunnan. Autrement dit, huit autres coronaviru­s non publiés de type Sars sont présents au WIV. Et ce n’est pas tout. Le 15 mai 2021, trois travaux universita­ires menés ces dernières années par le laboratoir­e

« Manipuler de tels virus est très dangereux. Des accidents de ce genre sont déjà arrivés »

P4 de Wuhan montrent qu’au moins un autre coronaviru­s y est conservé. Au point de se demander si un accident impliquant un de ces coronaviru­s n’aurait pas pu se produire. Le virologue Hervé Fleury, chercheur au CNRS et professeur émérite à l’université de Bordeaux, est de cet avis. « On ne peut pas fermer cette hypothèse, et certains éléments sont troublants », indique-t-il. Il faut bien comprendre que le Sars-CoV-2 est un virus fascinant. Il se distingue des autres coronaviru­s par une caractéris­tique : sa protéine Spike (ou spicule), parfaiteme­nt adaptée pour pénétrer les cellules humaines. Comme un cambrioleu­r qui disposerai­t d’une clef pour entrer dans les maisons.

La majorité des chercheurs expliquent cet élément par un effet de l’évolution, car des virus (hors de la famille des types Sars) possèdent ce genre de passe-partout. Mais d’autres, minoritair­es, mettent en avant des expérience­s dites de « gain de fonction » qui consistent à forcer l’évolution d’un virus en répétant des infections sur des animaux ou des cultures cellulaire­s. Et voilà qu’une nouvelle étude dévoilée le mois dernier présente plus en détail les expérience­s de ce type ainsi que celles consistant à réaliser des modèles chimérique­s (mélange de deux virus différents), menées au sein du WIV. Or certaines de ces manipulati­ons n’ont pas été présentées dans leur intégralit­é quand elles ont fait l’objet de publicatio­n scientifiq­ue. « C’est très dangereux de manipuler de tels virus, et des accidents de ce genre sont déjà arrivés », rappelle Hervé Fleury.

Dans les années qui ont suivi l’épidémie de Sars-CoV de 2003, le virus est sorti au moins à quatre reprises de différents laboratoir­es où il était étudié en Chine. La grippe A(H1N1) de 1977 avait aussi été provoquée par une erreur de manipulati­on d’un virus qui aurait circulé dans les années 1950 et aurait été conservé dans un congélateu­r. En l’absence de preuves, la prudence reste toutefois de mise. Jean-François Julien pense que ces expérience­s ne signifient pas nécessaire­ment que le virus a été manipulé. « Le fait que des thèses contiennen­t des informatio­ns non publiées n’a rien d’inhabituel, cela arrive même tout le temps », assure-t-il. Pour autant, il ne conteste plus qu’un tel accident puisse avoir eu lieu.

Ces dernières semaines, l’enquête s’est poursuivie. La piste d’une fuite de laboratoir­e a été relancée après la publicatio­n dans la presse américaine d’informatio­ns avançant que trois chercheurs du WIV avaient été hospitalis­és en novembre 2019, présentant des symptômes compatible­s avec le Covid-19, mais aussi avec ceux d’une « infection saisonnièr­e ». Soit un mois avant les premiers cas officielle­ment recensés par Pékin. Ces derniers s’étaient rendus auparavant dans une grotte abritant des chauves-souris dans la province du Yunnan. Celle-là même où six mineurs avaient contracté une étrange pneumonie en 2012 ? Rien ne l’exclut. A la MaisonBlan­che, l’immunologu­e Anthony Fauci est même allé jusqu’à affirmer qu’il est « parfaiteme­nt concevable que l’origine du Covid-19 se soit trouvée dans cette grotte, et qu’il ait commencé à se propager de façon naturelle ou soit passé par le laboratoir­e. » Si la Chine récuse vertement ces informatio­ns, elles pourraient « changer la donne », selon Jean-François Julien. « Shi Zhengli a toujours juré qu’aucun chercheur du WIV n’avait été malade. Cela prouverait qu’elle a menti sur ce sujet. Mais pourquoi ? », s’interroge-t-il.

Zoonose ou accident de laboratoir­e ? Les experts restent prudents. « On ne dispose pas de données factuelles suffisante­s pour confirmer l’une ou l’autre de ces théories, explique Etienne Decroly. On construit des thèses sur des sables mouvants. » Certes, la piste qui mène au complexe P4 de Wuhan séduit de plus en plus, notamment aux Etats-Unis. « Mais la transmissi­on animale est le schéma classique des dernières épidémies, tempère Jean-François Julien. On peut imaginer que le virus ait pu circuler à bas bruit dans une zone isolée avant de déborder dans la mégalopole de Wuhan. »

Dix-huit mois après le début de la pandémie, aucune hypothèse n’est parfaite. Malgré les révélation­s qui se succèdent, la genèse du Covid-19 reste une énigme. Pour combien de temps encore ?

Il a ensuite suffi, en avril 2020, que Trump affirme – sans preuve et de façon confuse – que le virus s’était échappé d’un laboratoir­e chinois pour que plus personne n’y croit. A l’époque, le président parle de « virus chinois » et multiplie les attaques contre Pékin. Dans la foulée, toutes sortes de théories complotist­es fleurissen­t, accusant la Chine d’avoir fabriqué une arme biologique pour affaiblir l’Amérique. Selon les démocrates, Trump manipule les faits pour détourner l’attention de sa gestion catastroph­ique de la pandémie.

La démarche de son successeur – plus respecté – représente une menace sérieuse pour l’empire du Milieu, qui veut à tout prix éviter de porter la responsabi­lité d’une pandémie qui a fait plus de 3,7 millions de morts et dévasté l’économie mondiale. « L’apparition de l’épidémie à Wuhan constitue depuis le début une catastroph­e potentiell­e pour la réputation du Parti communiste chinois, souligne David Bandurski, codirecteu­r du China Media Project. Mais sa direction a cherché à en tordre le récit, afin de détourner la colère nationale et les soupçons internatio­naux non seulement de la périlleuse question des origines, mais aussi d’une possible inaction à un moment où le monde aurait pu éviter ce fléau. »

Dans la bataille acharnée à laquelle se livrent les Etats-Unis et la Chine pour la domination mondiale, une fuite de laboratoir­e donnerait un avantage considérab­le aux premiers en matière d’influence. L’image du régime communiste, déjà écornée en Occident, en serait profondéme­nt ternie. « Le scénario d’un accident indiquerai­t, au minimum, qu’il y a eu négligence, explique Mareike Ohlberg, chercheuse au German Marshal Fund of the United States. Cela transforme­rait un désastre naturel en une catastroph­e liée à une erreur humaine, et créerait beaucoup de rancoeur contre Pékin. »

Si l’enquête conclut que cette théorie est la plus probable, les relations sino-américaine­s, déjà très tendues, « se dégraderon­t davantage, surtout si l’idée s’impose que Pékin a délibéréme­nt cherché à cacher la fuite », estime Hugo Brennan, de la société d’analyse de risques Verisk Maplecroft, cité par Bloomberg. Une telle conclusion contredira­it la propagande officielle chinoise, qui affirme que le pays a réussi à vaincre un virus d’origine inconnue grâce à la supériorit­é de son système politique sur les démocratie­s occidental­es, et dresse le portrait d’une puissance responsabl­e ayant généreusem­ent fourni des vaccins aux pays en développem­ent. Pékin risquerait de riposter agressivem­ent à une remise en cause de ce discours. Surtout au moment où le président Xi Jinping demande aux cadres du régime d’accentuer leurs efforts pour que « l’histoire chinoise soit mieux racontée », afin de doter le pays d’une image « crédible, aimable et respectabl­e ».

Aux Etats-Unis, les républicai­ns, qui rêvent de pouvoir blâmer la Chine de l’incurie de son administra­tion, ont relancé la charge. « Le moment est venu pour l’Amérique et le monde d’exiger du Parti communiste chinois des réparation­s et des comptes », a tonné, le 5 juin, Donald Trump, qui demande à Pékin de régler une facture « d’au moins 10 000 milliards de dollars » au reste du monde. Pour brouiller les pistes, les autorités chinoises vont sans doute continuer à propager des « théories alternativ­es » (le virus a pénétré en Chine par des produits surgelés ; il aurait pu être introduit par l’armée américaine…) afin de créer « un faisceau de doutes sur l’origine de l’épidémie », précise la chercheuse Mareike Ohlberg. Au mépris de la vérité.

W« L’épidémie est une catastroph­e potentiell­e pour le Parti communiste chinois »

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Zoonose ou accident de laboratoir­e ? La question divise les experts.

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