La guerre des récits fait rage entre Washington et Pékin
Le scénario d’un accident de laboratoire vient contredire frontalement la propagande chinoise, qui cherche à semer le doute sur l’origine de la pandémie. L’enjeu est immense en matière d’influence.
Xi Jinping commence sans doute à regretter Donald Trump. Malgré les efforts de la Chine pour étouffer la question, Joe Biden a, contre toute attente, demandé le 26 mai à ses services de renseignement de relancer l’enquête sur les origines du virus. Refusant toute collaboration, Pékin a fustigé une « manipulation politique » et tenté une nouvelle fois d’allumer des contre-feux, renvoyant à « l’histoire sombre » des services secrets américains. Argument massue, la – très critiquée – mission de l’OMS, envoyée à Wuhan en début d’année, a jugé le scénario d’un accident de laboratoire de l’Institut de virologie de cette ville « extrêmement improbable » : pourquoi l’Amérique revient-elle sur son verdict ?
Trop rapidement écartée, cette hypothèse est, depuis peu, jugée de plus en plus envisageable par les scientifiques. Selon des révélations récentes, certains experts et une partie de l’administration américaine avaient intérêt à l’ignorer au premier trimestre 2020, car les Etats-Unis ont participé au financement de l’Institut de virologie de Wuhan et peut-être à celui de ses recherches sur les « gains de fonction », destinées à accélérer la croissance des coronavirus.