Nicolas Robin, Isabelle Minière et Brigitte Lozerec’h
Jean-Mi, trentenaire parisien qui gagne très bien sa vie dans l’immobilier, a tout pour être heureux. En couple depuis trois ans avec Marylène, responsable du marketing d’une grande maison d’édition, il est aussi amoureux de cette belle blonde ambitieuse, « mélange de froideur et de fantaisie », qu’attaché à son petit garçon de 6 ans. Sauf que le titre et l’incipit du nouveau roman de Nicolas Robin annoncent une couleur autrement moins rose : « Le jour où j’ai fait rétrécir ton pull en cachemire, tu m’as giflé. » Et ce n’est que le début. Au moindre prétexte, s’ensuivent une autre claque, une autre « beigne », des coups de poing et de pied. Jusqu’à ce cendrier que Marylène jette à la figure de son compagnon. Arcade sourcilière entaillée, cinq points de suture. Ce grand gaillard de Jean-Mi se refuse pourtant à riposter, et plus encore à en parler. Ses ecchymoses ? La faute au rugby, son hobby. La honte est trop forte, l’humiliation, totale. Sa rencontre impromptue avec soeur Solange, une religieuse atypique, va lui ouvrir les yeux…
« Dans les faits divers, l’homme a le monopole du statut de tortionnaire. L’inversion des rôles est ahurissante. Elle dérange, perturbe, pousse à la moquerie. » Sur ce sujet tabou, presque anecdotique en comparaison des violences faites aux femmes, Nicolas Robin s’en sort haut la plume, évitant les clichés et déroulant un fil narratif solide, une approche sociologique qui ne l’emporte pas sur les ressorts de la fiction, avec son lot de rebondissements où s’invite heureusement quelque légèreté. Révélé par le très original Roland est mort, l’écrivain témoigne ici d’une inspiration tous azimuts. Et confirme sa grande sensibilité.