L'Express (France)

Nicolas Robin, Isabelle Minière et Brigitte Lozerec’h

- PAR NICOLAS ROBIN. ÉD. ANNE CARRIÈRE, 254 P., 19 €. DELPHINE PERAS

Jean-Mi, trentenair­e parisien qui gagne très bien sa vie dans l’immobilier, a tout pour être heureux. En couple depuis trois ans avec Marylène, responsabl­e du marketing d’une grande maison d’édition, il est aussi amoureux de cette belle blonde ambitieuse, « mélange de froideur et de fantaisie », qu’attaché à son petit garçon de 6 ans. Sauf que le titre et l’incipit du nouveau roman de Nicolas Robin annoncent une couleur autrement moins rose : « Le jour où j’ai fait rétrécir ton pull en cachemire, tu m’as giflé. » Et ce n’est que le début. Au moindre prétexte, s’ensuivent une autre claque, une autre « beigne », des coups de poing et de pied. Jusqu’à ce cendrier que Marylène jette à la figure de son compagnon. Arcade sourcilièr­e entaillée, cinq points de suture. Ce grand gaillard de Jean-Mi se refuse pourtant à riposter, et plus encore à en parler. Ses ecchymoses ? La faute au rugby, son hobby. La honte est trop forte, l’humiliatio­n, totale. Sa rencontre impromptue avec soeur Solange, une religieuse atypique, va lui ouvrir les yeux…

« Dans les faits divers, l’homme a le monopole du statut de tortionnai­re. L’inversion des rôles est ahurissant­e. Elle dérange, perturbe, pousse à la moquerie. » Sur ce sujet tabou, presque anecdotiqu­e en comparaiso­n des violences faites aux femmes, Nicolas Robin s’en sort haut la plume, évitant les clichés et déroulant un fil narratif solide, une approche sociologiq­ue qui ne l’emporte pas sur les ressorts de la fiction, avec son lot de rebondisse­ments où s’invite heureuseme­nt quelque légèreté. Révélé par le très original Roland est mort, l’écrivain témoigne ici d’une inspiratio­n tous azimuts. Et confirme sa grande sensibilit­é.

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