Vacciner la planète contre le Covid-19 ? Paroles, paroles...
Les pays riches annoncent des dons importants au dispositif Covax, mais le calendrier reste flou. Pourtant, il y a urgence.
L’exemple du variant Delta le montre : tant que le monde ne sera pas protégé du Covid, personne ne se trouvera à l’abri. Parce que le virus a largement circulé dans la péninsule indienne, ce mutant préoccupant a pu émerger et se répandre. Heureusement, les vaccins restent efficaces contre ce nouveau venu. Mais qui sait si, demain, un véritable « variant d’échappement » n’apparaîtra pas à un endroit ou à un autre ? Seule solution pour l’éviter : immuniser le plus vite possible toutes les populations.
Pour distribuer des vaccins dans les pays pauvres, l’Organisation mondiale de la santé et ses partenaires ont créé le mécanisme Covax. Sur le papier, 3,8 milliards de doses ont été précommandées, dont 1,8 milliard sont déjà financées par les pays riches. En pratique ? Rien ou presque : au 14 juin, 85,1 millions de doses avaient été livrées dans 131 pays. Pour leurs approvisionnements, les gestionnaires de Covax ont misé sur AstraZeneca, via le Serum Institute of India (SII), et sur la firme Novavax. Mais le SII n’exporte plus, et le produit de Novavax n’est pas encore approuvé.
A court terme, le succès de Covax dépend donc de la bonne volonté des pays occidentaux à se séparer d’une partie de leurs stocks. Leurs commandes dépassent en effet largement leurs besoins. D’où l’annonce spectaculaire du G7, avec un don de 1 milliard de doses. Spectaculaire, mais insuffisante au regard de l’immensité des attentes. Et surtout, bien tardive : le gros des livraisons arrivera l’an prochain, alors qu’il faudrait vacciner massivement dès maintenant. Au-delà des questions d’éthique et de justice, il en va de notre intérêt. Encore un effort, messieurs les dirigeants...