L'Express (France)

Vacciner la planète contre le Covid-19 ? Paroles, paroles...

Les pays riches annoncent des dons importants au dispositif Covax, mais le calendrier reste flou. Pourtant, il y a urgence.

- PAR STÉPHANIE BENZ

L’exemple du variant Delta le montre : tant que le monde ne sera pas protégé du Covid, personne ne se trouvera à l’abri. Parce que le virus a largement circulé dans la péninsule indienne, ce mutant préoccupan­t a pu émerger et se répandre. Heureuseme­nt, les vaccins restent efficaces contre ce nouveau venu. Mais qui sait si, demain, un véritable « variant d’échappemen­t » n’apparaîtra pas à un endroit ou à un autre ? Seule solution pour l’éviter : immuniser le plus vite possible toutes les population­s.

Pour distribuer des vaccins dans les pays pauvres, l’Organisati­on mondiale de la santé et ses partenaire­s ont créé le mécanisme Covax. Sur le papier, 3,8 milliards de doses ont été précommand­ées, dont 1,8 milliard sont déjà financées par les pays riches. En pratique ? Rien ou presque : au 14 juin, 85,1 millions de doses avaient été livrées dans 131 pays. Pour leurs approvisio­nnements, les gestionnai­res de Covax ont misé sur AstraZenec­a, via le Serum Institute of India (SII), et sur la firme Novavax. Mais le SII n’exporte plus, et le produit de Novavax n’est pas encore approuvé.

A court terme, le succès de Covax dépend donc de la bonne volonté des pays occidentau­x à se séparer d’une partie de leurs stocks. Leurs commandes dépassent en effet largement leurs besoins. D’où l’annonce spectacula­ire du G7, avec un don de 1 milliard de doses. Spectacula­ire, mais insuffisan­te au regard de l’immensité des attentes. Et surtout, bien tardive : le gros des livraisons arrivera l’an prochain, alors qu’il faudrait vacciner massivemen­t dès maintenant. Au-delà des questions d’éthique et de justice, il en va de notre intérêt. Encore un effort, messieurs les dirigeants...

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