L'Express (France)

Malgré la détente américaine, l’Europe en première ligne face à Poutine

- PAR CORENTIN PENNARGUEA­R

Joe Biden veut emmener les Vingt-Sept dans une bataille frontale avec Pékin. Mais Bruxelles reste préoccupé par la Russie.

Pour sa première rencontre avec Vladimir Poutine, le 16 juin, Joe Biden a offert à son homologue russe des lunettes d’aviateur fabriquées dans le Massachuse­tts, sans doute, symbolique­ment, pour que ce dernier s’imprègne de la nouvelle vision américaine du monde. Même s’il a instauré des « lignes rouges », Biden a amorcé une détente avec Moscou, afin de se focaliser sur le véritable « adversaire systémique » de l’Occident, à savoir la Chine.

Le leader américain a martelé cette doxa pendant son marathon européen, du G7 à l’Otan. Et les alliés sont priés de serrer les rangs. « Les Etats-Unis veulent rejouer la guerre froide en remplaçant l’Union soviétique par la Chine », observe l’historien politique Luuk van Middelaar. Mais Bruxelles suit son propre calendrier.

Juste avant que Biden ne rencontre Poutine à Genève, Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, présentait la partition des Vingt-Sept. « Nous devons nous préparer à une détériorat­ion de nos relations avec Moscou, qui sont déjà au plus bas », a prévenu le diplomate. Et pour cause, l’horloge des sanctions continue de tourner. Le 21 juin, le Conseil européen a prolongé celles mises en place contre l’annexion de la Crimée en 2014, et les Etats membres ont voté de nouvelles pénalités contre le régime biélorusse. Biden, lui, veut croire à une « vraie perspectiv­e d’améliorati­on » de ses rapports avec Moscou. Après tout, l’avion détourné par Loukachenk­o pour arrêter et torturer un opposant ne reliait pas New York à Los Angeles, mais Athènes à Vilnius. Deux villes européenne­s.

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