Plonger avec style
Initialement conçues pour descendre en eaux profondes, ces montres se sont affranchies de leur fonction première pour devenir polyvalentes. Jusqu’à se changer en citadines et flirter avec la mode.
Les montres de plongée connaissent un engouement qui dépasse amplement leur fonctionnalité – d’autant qu’elles sont rarement utilisées en configuration sous-marine – et peu de marques échappent à la tentation de proposer une «plongeuse» dans leur catalogue. Ces modèles sont assimilés à «un look à la fois sportif, dynamique et décontracté en même temps qu’élégant», note Adrian Verin, responsable du développement lifestyle au sein du bureau de tendances Carlin International. « Celui qui porte ce type de références indique qu’il aime les montres autant que l’univers sportswear, moins codé que celui des gardetemps traditionnels. Il cherche à afficher sa culture horlogère, tout comme sa capacité à rester chic en portant un produit peu classique». Le chasseur de tendances analyse l’influence de James Bond ou du Monde du silence de Jacques-Yves Cousteau : « Dans l’inconscient collectif, des films ont contribué à transformer ces montres en icônes de l’élégance masculine ». Nathalie Célia Koch-Chevalier, directrice générale de Bucherer France, observe les comportements d’achat dans son magasin de montres de luxe : « Ces modèles représentent
le côté noble de l’horlogerie sans en avoir le coût ». Elle explique leur succès par « une attractivité réelle à travers le temps ».
CONQUÊTE DES FONDS MARINS Depuis l’invention par Rolex de la montrebracelet étanche et du boîtier Oyster breveté en 1926, suivie par sa première montre de plongée Submariner en 1953, d’autres grands noms de l’horlogerie sont partis à la conquête des fonds marins. A l’instar de Blancpain qui, précédant de quelques mois la marque à la couronne, dévoilait la Fifty Fathoms, imaginée pour l’unité d’élite des nageurs de combat de l’armée française. Tudor leur emboîtait le pas en 1954, puis Omega en 1957 avec la Seamaster 300. Au Japon, Seiko mettait au point sa première montre de plongée professionnelle en 1965. Tandis qu’en Italie, les Radiomir de Panerai équipaient déjà depuis la fin des années 1930 les plongeurs de la Marine nationale, avant d’être commercialisées soixante ans plus tard. En 2021, la manufacture italo-suisse décide de réduire le diamètre de sa Luminor Due jusqu’à 38 mm, pour s’adapter à tous les poignets, y compris féminins. TAG Heuer choisit aussi de revisiter le design de l’Aquaracer avec une référence plus ergonomique, Aquaracer Professional 300. A contrario, Longines reprend les codes de sa Legend Diver des années 1960 et mise sur le charme du vintage. «Dans la catégorie des “plongeuses”, on trouve une grande diversité qui reflète bien l’évolution de la société, analyse Nathalie Célia Koch-Chevalier. Au lieu de casser les codes, les marques les font évoluer ». Jusqu’à la proposition contemporaine et audacieuse de Louis Vuitton. Objet de mode autant que gardetemps, Tambour Street Diver affiche des lignes plus citadines que sous-marines, tout en respectant les exigences du milieu aquatique. «Les clients recherchent avant tout une montre sport chic et polyvalente à porter toute l’année, y compris en costume-cravate», observe Gonzague Levet, en charge de l’espace Certified Pre-Owned de la boutique Bucherer à Paris. Un changement de paradigme qui correspond aussi à de nouveaux modes de vie, notamment dans un contexte de pandémie, où l’alternance d’activités professionnelles et sportives devient plus naturelle. C.L.
« CELUI QUI PORTE CE TYPE DE RÉFÉRENCES INDIQUE QU’IL AIME LES MONTRES AUTANT QUE L’UNIVERS SPORTSWEAR »