Chine « L’histoire du parti communiste est élevée au rang de religion »
Pour ses 100 ans, le PCC martèle des slogans sur les idéaux socialistes. Mais les contradictions entre le discours et la réalité sont nombreuses dans une Chine très inégalitaire, souligne la chercheuse Chloé Froissart.
Professeure de Sciences politiques au département d’études chinoises de l’Institut national des langues et civilisations orientales, à Paris, Chloé Froissart décortique le discours du Parti communiste chinois (PCC), qui a célébré le 1er juillet ses 100 ans dans un style très maoïste.
Le Parti communiste chinois a fêté en fanfare ses 100 ans le 1er juillet. Quel message cherche-t-il à faire passer ? Chloé Froissart Plus de 80 slogans sont martelés en boucle auprès de la population. Le Parti veut d’abord faire passer l’idée – contraire à la réalité – qu’il n’a pas oublié ses idéaux socialistes de départ. D’où son discours victorieux sur l’éradication de la pauvreté – qui reste à démontrer. Le PCC se targue également d’avoir lavé les humiliations des siècles passés et le président Xi Jinping a voulu l’incarner en proclamant « le peuple chinois est désormais debout ! », comme l’avait fait Mao quatre-vingts ans plus tôt sur cette même place Tiananmen lors de la fondation de la République populaire Mais le style des cérémonies était très différent: enthousiasme révolutionnaire sous Mao, ordre totalitaire glaçant sous Xi Jinping. Désormais, à en croire ce dernier, c’est la Chine, dont le système politique serait plus performant que celui des démocraties, qui peut constituer un phare pour l’humanité. Le géant asiatique veut aussi montrer qu’il a la capacité d’imposer ses volontés au monde, que ce soit en mer de Chine du Sud ou à Hongkong.
Le régime ne se prive pas de présenter sous un jour favorable les pages les plus sombres de son histoire. Dans quelle logique le fait-il ?
Il s’agit d’affirmer que les sacrifices consentis par le peuple chinois – pendant le Grand Bond en avant (1958-1961) et la Révolution culturelle (1966-1976) – étaient nécessaires pour que le pays devienne ce qu’il est aujourd’hui : la deuxième puissance économique mondiale. Même les périodes les