Etats-Unis Lina Khan, l’arme antitrust de Biden
A peine nommée à la tête de la Federal Trade Commisssion (FTC), la nouvelle « gendarme de la concurrence » ferraille avec les géants de la tech.
Elle vient de perdre une bataille, mais la guerre ne fait que commencer. Nommée le 15 juin à la tête de la Federal Trade Commission (FTC), Lina Khan a été cueillie à froid deux semaines après son arrivée. Les deux plaintes visant le réseau social Facebook pour pratiques anticoncurrentielles – dont l’une déposée par le régulateur américain – viennent d’être rejetées par un juge de Washington. Un premier revers pour la nouvelle « gendarme de la concurrence », qui n’a toutefois pas dit son dernier mot. Le juge lui a laissé un mois pour revoir sa copie.
A seulement 32 ans, la jeune femme est « le pire cauchemar des Gafam », estime Sarah Miller, directrice du think tank American Economic Liberties Project, à Washington. Née à Londres de parents pakistanais, Lina Khan arrive aux EtatsUnis à 11 ans. En 2017, elle se fait un nom dans les milieux antimonopoles en publiant un article majeur : « Le paradoxe antitrust d’Amazon ». Elle y soutient que la législation est insuffisante pour contrôler le géant de la vente en ligne. Succès immédiat.
Cette renommée la propulse à la FTC, dont elle prend la direction quatre ans plus tard, sous l’impulsion de Joe Biden. « C’est un signal fort, juge John Lopatka, professeur de droit à la Pennsylvania State University. Il confirme que la nouvelle administration a l’intention de s’attaquer aux Gafam et de donner une interprétation agressive aux lois antitrust. » Signe des temps, une commission parlementaire a approuvé fin juin un projet de loi pour renforcer le contrôle des big tech, avec un volet ouvrant la voie à de possibles démantèlements.
Mais la contre-attaque est déjà lancée. Le 30 juin, Amazon a soumis une réclamation à la FTC. Sa cheffe, estime le groupe, a trop critiqué Amazon par le passé pour être impartiale. « Ces manoeuvres ne sont pas surprenantes ; les Gafam vont tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues », glisse Sarah Miller. Pas certain, toutefois, que cela arrange leur réputation. D’après un récent sondage de Vox and Data for Progress, 59 % des Américains approuvent une dissolution de leur monopole. Une idée soutenue aussi bien par les démocrates que par les républicains.