Masques chirurgicaux, le prix de l’indépendance
En privilégiant les prix bas, la commande publique menace la filière hexagonale récemment créée, dénonce son syndicat.
La souveraineté industrielle est un marathon. Il y a un peu plus d’un an, la pénurie de protections révélait cruellement les failles d’un système fondé sur les importations. Fin mars 2020, en visite chez le principal fabricant de masques médicaux en France, Kolmi-Hopen, près d’Angers, Emmanuel Macron promettait « d’ici à la fin de l’année une indépendance pleine et entière » du pays. Objectif tenu. Alors que quatre entreprises produisaient 3,5 millions d’unités hebdomadaires avant la pandémie, elles sont désormais une trentaine à en fabriquer 100 millions par semaine. Las. A l’heure où les masques tombent, les chaînes de production françaises pourraient bientôt s’arrêter, menacent les représentants du F2M – le syndicat de la profession –, qui ont vu les appels d’offres des ministères des Armées, de l’Intérieur ou de l’AP-HP leur passer sous le nez.
Motif : alors que d’autres critères (environnement, qualité…) peuvent être privilégiés, la commande publique favorise toujours les prix bas et donc les importations. Car les industriels chinois vendent des masques chirurgicaux 2 centimes d’euros, quand la filière française les propose à 4 centimes, le prix du marché d’avantcrise. Il faut dépoussiérer les habitudes, reconnaît le ministère de l’Industrie, qui a pris son bâton de pèlerin pour diffuser la fibre du made in France auprès des acheteurs publics. L’enjeu est de taille : il en va du maintien d’une industrie capable de répondre à des besoins récurrents et, si besoin, de monter en capacité. ★