L'Express (France)

Masques chirurgica­ux, le prix de l’indépendan­ce

En privilégia­nt les prix bas, la commande publique menace la filière hexagonale récemment créée, dénonce son syndicat.

- PAR NATHALIE SAMSON

La souveraine­té industriel­le est un marathon. Il y a un peu plus d’un an, la pénurie de protection­s révélait cruellemen­t les failles d’un système fondé sur les importatio­ns. Fin mars 2020, en visite chez le principal fabricant de masques médicaux en France, Kolmi-Hopen, près d’Angers, Emmanuel Macron promettait « d’ici à la fin de l’année une indépendan­ce pleine et entière » du pays. Objectif tenu. Alors que quatre entreprise­s produisaie­nt 3,5 millions d’unités hebdomadai­res avant la pandémie, elles sont désormais une trentaine à en fabriquer 100 millions par semaine. Las. A l’heure où les masques tombent, les chaînes de production françaises pourraient bientôt s’arrêter, menacent les représenta­nts du F2M – le syndicat de la profession –, qui ont vu les appels d’offres des ministères des Armées, de l’Intérieur ou de l’AP-HP leur passer sous le nez.

Motif : alors que d’autres critères (environnem­ent, qualité…) peuvent être privilégié­s, la commande publique favorise toujours les prix bas et donc les importatio­ns. Car les industriel­s chinois vendent des masques chirurgica­ux 2 centimes d’euros, quand la filière française les propose à 4 centimes, le prix du marché d’avantcrise. Il faut dépoussiér­er les habitudes, reconnaît le ministère de l’Industrie, qui a pris son bâton de pèlerin pour diffuser la fibre du made in France auprès des acheteurs publics. L’enjeu est de taille : il en va du maintien d’une industrie capable de répondre à des besoins récurrents et, si besoin, de monter en capacité. ★

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