L’ère des mégacanicules
Après le Canada, l’Europe? Les épisodes de chaleur extrême sont appelés à se multiplier,
Près de 50 °C pendant plusieurs jours, au nord du 45e parallèle. L’été a beau avoir débuté, les scientifiques ne s’attendaient pas à voir de tels chiffres si tôt dans le siècle. Sur le graphique répertoriant les températures maximales atteintes ces dix dernières années à Lytton – ce petit village canadien devenu le symbole d’un climat qui se détraque –, les données enregistrées fin juin semblent être le résultat d’un bug informatique tant elles s’éloignent des standards habituels de saison.
Il y aura pourtant d’autres records de ce genre. Car nous sommes entrés dans l’ère des mégacanicules, préviennent plusieurs experts. Ainsi, au lieu de générer des températures comprises entre 40 et 45 °C, les périodes de chaleur extrême comme celles que nous avons connues en France en 2003 et en 2019 vont plutôt se traduire, désormais, par des valeurs comprises entre 45 et 50 °C. La faute au réchauffement progressif de l’atmosphère mais aussi au dérèglement du jet-stream, ce courant d’air qui fait le tour de la planète.
Quand celui-ci évolue de manière sinusoïdale – un peu comme un serpent –, des dômes de chaleur apparaissent : dans la partie haute de ces oscillations qui remontent vers le nord, l’air se retrouve à la fois comprimé vers le sol – ce qui contribue à la hausse des températures – et piégé au sein d’un anticyclone extrêmement puissant. Le problème ? Plus la Terre se réchauffe, plus le jet-stream semble onduler, créant ainsi les conditions pour l’apparition de davantage de dômes. Cette théorie n’est pas encore validée par l’ensemble de la communauté scientifique, qui devra d’abord acquérir plus de données sur les phases de canicule. Cependant, une telle hypothèse a de quoi inquiéter. Car aucun être vivant de l’hémisphère Nord n’est habitué à des températures caniculaires comme celles que l’Ouest canadien subit actuellement.
Cela signifie qu’il y aura dans le futur de nouvelles victimes d’hyperthermie. Selon des scientifiques de l’université de Hawaï, il existe même près de 30 façons différentes de mourir de chaud pour un être humain ! Les végétaux ne sont pas mieux lotis. A court terme, ils brûlent sur pied et perdent leur feuillage en raison de l’effet « sèche-cheveux ». Ceux qui survivent deviennent plus fragiles, augmentant à terme les risques d’incendie comme celui qui a rayé Lytton de la carte. Réduire nos émissions de CO2 permettrait de limiter les dégâts. Malheureusement, avec la reprise économique post-Covid, celles-ci ont plutôt tendance à s’emballer au niveau mondial. Le repli observé en 2020 était visiblement temporaire. Décourageant. ★