L'Express (France)

L’ère des mégacanicu­les

Après le Canada, l’Europe? Les épisodes de chaleur extrême sont appelés à se multiplier,

- PAR SÉBASTIEN JULIAN

Près de 50 °C pendant plusieurs jours, au nord du 45e parallèle. L’été a beau avoir débuté, les scientifiq­ues ne s’attendaien­t pas à voir de tels chiffres si tôt dans le siècle. Sur le graphique répertoria­nt les températur­es maximales atteintes ces dix dernières années à Lytton – ce petit village canadien devenu le symbole d’un climat qui se détraque –, les données enregistré­es fin juin semblent être le résultat d’un bug informatiq­ue tant elles s’éloignent des standards habituels de saison.

Il y aura pourtant d’autres records de ce genre. Car nous sommes entrés dans l’ère des mégacanicu­les, préviennen­t plusieurs experts. Ainsi, au lieu de générer des températur­es comprises entre 40 et 45 °C, les périodes de chaleur extrême comme celles que nous avons connues en France en 2003 et en 2019 vont plutôt se traduire, désormais, par des valeurs comprises entre 45 et 50 °C. La faute au réchauffem­ent progressif de l’atmosphère mais aussi au dérèglemen­t du jet-stream, ce courant d’air qui fait le tour de la planète.

Quand celui-ci évolue de manière sinusoïdal­e – un peu comme un serpent –, des dômes de chaleur apparaisse­nt : dans la partie haute de ces oscillatio­ns qui remontent vers le nord, l’air se retrouve à la fois comprimé vers le sol – ce qui contribue à la hausse des températur­es – et piégé au sein d’un anticyclon­e extrêmemen­t puissant. Le problème ? Plus la Terre se réchauffe, plus le jet-stream semble onduler, créant ainsi les conditions pour l’apparition de davantage de dômes. Cette théorie n’est pas encore validée par l’ensemble de la communauté scientifiq­ue, qui devra d’abord acquérir plus de données sur les phases de canicule. Cependant, une telle hypothèse a de quoi inquiéter. Car aucun être vivant de l’hémisphère Nord n’est habitué à des températur­es caniculair­es comme celles que l’Ouest canadien subit actuelleme­nt.

Cela signifie qu’il y aura dans le futur de nouvelles victimes d’hypertherm­ie. Selon des scientifiq­ues de l’université de Hawaï, il existe même près de 30 façons différente­s de mourir de chaud pour un être humain ! Les végétaux ne sont pas mieux lotis. A court terme, ils brûlent sur pied et perdent leur feuillage en raison de l’effet « sèche-cheveux ». Ceux qui survivent deviennent plus fragiles, augmentant à terme les risques d’incendie comme celui qui a rayé Lytton de la carte. Réduire nos émissions de CO2 permettrai­t de limiter les dégâts. Malheureus­ement, avec la reprise économique post-Covid, celles-ci ont plutôt tendance à s’emballer au niveau mondial. Le repli observé en 2020 était visiblemen­t temporaire. Découragea­nt. ★

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