L'Express (France)

Bac : l’étrange obsession de Blanquer pour le contrôle continu

Dès l’année prochaine, les notes des lycéens compteront pour 40 % dans la moyenne finale du baccalauré­at.

- PAR AMANDINE HIROU

La crise sanitaire a donné bien du fil à retordre à Jean-Michel Blanquer. Mais elle aura aussi offert une occasion inespérée au ministre de l’Education nationale de faire passer son projet initial de réforme du bac : introduire une part importante de « vrai » contrôle continu dans la nouvelle notation. Face à la résistance des syndicats, la Rue de Grenelle avait été, jusque-là, obligée de faire des compromis. Les négociatio­ns avaient finalement abouti à ce qu’il n’y ait que 10 % de contrôle continu fondé sur les notes inscrites dans les bulletins scolaires. Les 30 % de contrôle continu restants devaient prendre la forme d’ « épreuves communes », des devoirs sur table organisés au sein de chaque lycée durant les années de première et de terminale.

Or, le 28 juin, Jean-Michel Blanquer a annoncé que ces dernières pourraient être définitive­ment abandonnée­s ! Ce qui signifiera­it que le bac reposerait désormais sur 40 % de contrôle continu « intégral ». Comment justifier un tel revirement ? Le ministère met en avant des questions pratiques : ces fameuses épreuves communes se sont finalement révélées très complexes à organiser dans chaque établissem­ent. D’où l’intérêt de revenir à une formule « plus souple ».

Surtout, l’expérience des éditions de ces deux dernières années qui, crise sanitaire oblige, ont imposé respective­ment 100 % et 82 % de contrôle continu au bac, aurait ouvert la voie et converti les esprits méfiants à ce nouveau système…

Or rien n’est moins sûr ! La pratique a plutôt démontré, au contraire, que, sous la pression des familles et parfois des proviseurs, bon nombre de professeur­s ont fini par se résoudre à gonfler leurs notes. Résultat, certaines formations du supérieur, obligées de recourir à la sélection faute de places suffisante­s, ont eu bien du mal à départager tous ces lycéens aux dossiers uniformes. Et, même si peu le reconnaiss­ent, des jurys ont évidemment pu être tentés de tenir compte de la réputation de l’établissem­ent d’origine des candidats pour les classer. De quoi donner du grain à moudre à certains syndicats qui craignent le remplaceme­nt de l’examen national par un « bac local ».

L’année prochaine, le système éducatif risque donc de se heurter à ces mêmes écueils. Voilà qui ne devrait pas manquer d’inquiéter les candidats au bac 2022 et leurs parents, qui craignent que l’aléatoire ne prenne définitive­ment le pas sur le mérite. ★

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