L'Express (France)

Minisieste, maxibienfa­its

S’accorder une pause de dix minutes par jour pour être au top… un court repos réparateur conseillé par de nombreux experts du sommeil.

- PAR JEANNE DRÉAN

Ce n’est que lorsque je suis en vacances, sur une chaise longue à l’ombre d’un platane, que je m’autorise à fermer les yeux une trentaine de minutes après le déjeuner », témoigne David, responsabl­e communicat­ion dans une grande entreprise. Si la période estivale semble particuliè­rement propice au petit somme récupérate­ur, de nombreux spécialist­es mettent en avant les bénéfices d’une courte sieste au moins une fois par semaine ou, mieux, chaque jour de l’année.

Au bureau, 1 actif sur 4 se plaint d’une somnolence affectant ses capacités intellectu­elles en raison d’un manque de sommeil (1). « Nous évoluons dans un monde où le travail, la productivi­té nécessaire, le culte de l’efficacité, mais également le stress lié à la crise sanitaire réduisent peu à peu notre quantité de sommeil, voire sa qualité, indique le Dr Magali Sallansonn­et-Froment, neurologue et médecin du sommeil, coauteure, avec le Dr Thierry de Greslan, de La Mini-sieste aux éditions Rustica. Des études récentes révèlent une diminution de notre temps de sommeil de presque trente minutes en vingt ans. Cela semble peu, mais fait parfois la différence entre une journée réussie et une fatigue que l’on traîne jusqu’au soir. » Winston Churchill l’avait bien compris, qui s’octroyait un temps de repos chaque après-midi : « La nature n’a pas conçu l’humanité pour qu’elle travaille de 8 heures du matin jusqu’à minuit sans lui accorder ce moment récupérate­ur béni ; même s’il ne dure que vingt minutes, c’est suffisant pour retrouver toutes ses forces vitales. » (2)

Gain de vigilance et de performanc­e, meilleures humeur et forme physique font de la sieste un antidote à bien des maux de notre société. A condition de choisir une durée adaptée et un moment adéquat afin de ne pas pénaliser l’endormisse­ment du soir : « Une minisieste de dix minutes, en début d’après-midi, avant 15 heures, serait celle qui apporterai­t le plus de bénéfices en termes de diminution de la somnolence et de la fatigue, et d’améliorati­on des performanc­es cognitives, comparativ­ement à des siestes de cinq, vingt ou trente minutes, explique le Dr Sallansonn­et-Froment, qui se fonde sur les travaux de chercheurs australien­s. Cette durée correspond généraleme­nt aux deux premiers stades du sommeil lent léger, alors que, au-delà de trente minutes, un cycle complet peut s’enclencher, avec du sommeil lent profond et du sommeil paradoxal. » Ces longues siestes sont à réserver plutôt au week-end, pour rattraper un fort déficit de sommeil, d’autant que l’on en sort généraleme­nt l’esprit embrumé et confus.

A quels signes peut-on reconnaîtr­e le besoin imminent de repos ? « Un bâillement, la tête qui tombe, des paupières lourdes, les yeux qui brûlent, le besoin de les frotter, un regard fixe, des difficulté­s à suivre une conversati­on sont des symptômes évocateurs de somnolence, décrit la neurologue. Quand la fatigue liée au manque de sommeil vous donne l’impression que vous ne pouvez plus rien gérer, que vous êtes dépassé, que vous n’y arriverez plus, alors la minisieste ritualisée, la plus régulière possible, peut constituer une solution simple, peu coûteuse et avantageus­e. » Sur un canapé ou dans un fauteuil, lumière tamisée, téléphone en mode avion et porte fermée, veillez à ne pas être dérangé pour mieux déconnecte­r. Sujet aux pensées parasites ? Respirez ! « La sophrologi­e pourrait alors vous aider à plonger dans un état de conscience modifié qui aide à l’endormisse­ment », ajoute l’experte.

(1) Enquête OpinionWay pour l’Institut national du sommeil et de la vigilance réalisée en 2014. (2) The Gathering Storm, par Winston Churchill. Ed. Penguin Classics.

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Attention à choisir le moment adéquat afin de ne pas pénaliser l’endormisse­ment du soir.
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La tête qui tombe, des paupières lourdes... des symptômes qui ne trompent pas.

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