La surperformance des actions américaines est-elle durable ? La question à l’avocat
Même si ses avantages compétitifs demeurent, Wall Street va faire face à des vents contraires susceptibles d’affaiblir sa domination.
La capitalisation boursière américaine représente plus de 50 000 milliards de dollars, soit plus de 2 fois le PIB américain – un record historique – et la moitié de la capitalisation boursière mondiale. La surperformance des marchés d’actions américains depuis la crise de 2008 s’explique de plusieurs manières. Les bénéfices des sociétés du S&P 500 ont largement dépassé ceux du Stoxx 600, son équivalent européen, et cette tendance s’installe dans le temps. En conséquence, les investisseurs attribuent également un multiple de valorisation plus élevé aux actions américaines. Cette double prime explique une grande partie de la différence. Mais les Etats-Unis bénéficient d’autres avantages compétitifs, comme la force du dollar sur cette période, la liquidité et la profondeur de leurs marchés de capitaux, mais aussi le mix sectoriel très favorable aux entreprises de technologie. Le Nasdaq représente 20 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, soit plus que toute l’Europe (Suisse et Royaume-Uni inclus). Cette surperformance est-elle durable ? Il est possible que la domination américaine ait à faire face à plusieurs vents contraires dans les prochaines années : l’affaiblissement du dollar qui pourrait résulter de programmes d’émission de dette massifs du Trésor américain, la hausse de la fiscalité pour les entreprises d’outreAtlantique, la moindre capacité d’optimiser les coûts en raison de la volonté politique forte de relocaliser la production aux Etats-Unis. Tout cela implique des besoins d’investissement très importants et un recours moindre aux rachats d’actions financés par la dette, qui a permis pour l’essentiel aux sociétés américaines d’assurer la croissance des résultats par actions à court terme.
En conclusion, la crise du Covid pourrait marquer la fin d’une tendance à la surperformance des marchés américains. Cela dit, les avantages compétitifs des Etats-Unis demeurent et ses marchés de capitaux resteront la référence mondiale durant plusieurs décennies. Mais, quoi qu’il en soit, il est rassurant de constater que, lorsqu’on considère les entreprises des deux côtés de l’Atlantique sous un autre angle, en prenant en compte leur positionnement, leur business model, les équipes de management et la gouvernance, la différence Amérique-Europe disparaît.