L'Express (France)

Emmanuel de Waresquiel

Un recueil de chroniques allègres et mélancoliq­ues sur le temps présent, signé par l’historien Emmanuel de Waresquiel, grand spécialist­e de la période révolution­naire.

- LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD

Emmanuel de Waresquiel aurait préféré être contempora­in du prince Charles-Joseph de Ligne que de Jean Castex – on le comprend. Il a par ailleurs peu apprécié le récent virus, notamment à cause des nombreux mots mutants qui ont contaminé le vocabulair­e courant. Confiné dans son bureau et sous perfusion de vieux livres, l’historien se réconforte en se tournant vers d’autres époques : il se souvient que, entre 1348 et 1352, la peste bubonique a emporté près de la moitié de la population de l’Europe occidental­e. Cela permet de garder son sang-froid face à la « crise sanitaire ».

Tout est calme, seules les imaginatio­ns travaillen­t est un recueil de chroniques à la fois joyeuses et teintées de mélancolie où le spécialist­e de la période révolution­naire jette un regard décalé sur les événements des dernières années. Invité, il y a peu, de la matinale de France Inter, il disait chercher « des fils invisibles qui relient le passé au présent ». Qu’est-ce que cela donne, concrèteme­nt ? Par exemple, « Coquillage­s et crustacés », un texte drolatique sur les « dîners-homards » de François de Rugy, où le biographe évoque Talleyrand, le « diable boiteux », qui affirmait : « Pas de bonne diplomatie sans bon déjeuner. » Encore faut-il savoir faire taire les jaloux, et sur ce point Rugy n’a pas eu l’esprit altier du grand diplomate…

Le livre d’Emmanuel de Waresquiel est dédié à son plus vieil ami d’enfance, François Sureau. Les deux camarades ont plus d’une passion en commun, parmi lesquelles Apollinair­e et la liberté. A ce sujet, Waresquiel écrit : « La liberté a beau figurer aux frontons de nos palais, bien loin d’être une exception française, elle est, en France, une exception. » Bien souvent, les événements qu’il étudie le renvoient aux années 1789-1794, période qui l’obsède autant que Tocquevill­e avant lui. Mais il n’y a pas que la guillotine, dans la vie, et l’historien digresse aussi sur

Le Bureau des légendes et le mois de novembre, John le Carré et la Provence, Julien Gracq et la couleur jaune, les ronds-points et

Guillaume le Maréchal, de Georges Duby, le livre qui lui a fait l’aimer l’histoire quand il était jeune homme. De quoi prendre un peu de hauteur entre deux débats sur CNews.

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