LA MAISON DU COMMANDANT PAR VALERIO VARESI, TRAD. DE L’ITALIEN PAR FLORENCE RIGOLLET. AGULLO, 320 P., 21,50 €.
La maison d’édition Agullo a revu le design de ses couvertures, et celle choisie pour illustrer le dernier roman de Valerio Varesi offre un écho parfait à l’univers si particulier de l’écrivain italien. Dans La Maison du commandant, comme dans ses précédents ouvrages, on est loin de l’image d’Epinal de la Botte. Ici, à proximité de Parme, le quotidien n’est pas fait de ciel bleu ni de soleil écrasant les hommes et la nature, mais de brouillard, d’eau envahissante, de crues et de décrues, laissant derrière elles des odeurs de vase et de marécage. Le commissaire Soneri, croisé dans de précédentes enquêtes, y promène sa mélancolie et son étrangeté, son humour et sa mauvaise humeur.
Il arrive dans cette Bassa à la poursuite de braqueurs de banque, y reste après être tombé sur le corps d’un jeune Hongrois tué par balle, et s’y attriste à la découverte d’un vieux partisan mort en solitaire dans une ferme à l’écart du monde. Etrange endroit où confluent des pêcheurs immigrés en quête de silures, ces énormes poissons d’eau douce, d’anciens communistes amers et de jeunes militants aux motivations troubles.
Le commissaire s’ancre au Stendhal – Fabrice del Dongo est passé par là –, une auberge où il résout une partie de l’énigme en se repaissant, lui, l’amateur de bonne chère, d’anolini au bouillon, de cuisses de grenouille et de tartare de cheval. Dans cette enquête, il est question d’idéaux qui meurent, de corruption, de pollution et de surexploitation de la nature. On se laisse surtout bercer par le rythme et l’atmosphère. Décidément, on aime les romans noirs de Valerio Varesi.