Taxe carbone aux frontières : l’Europe à l’assaut des paradis polluants
L’enveloppe de mesures prévues par Bruxelles pour réduire les émissions de CO2 des Vingt-Sept fait grincer des dents…
Après les paradis fiscaux, sus aux paradis polluants ! Le 14 juillet, Bruxelles devait dévoiler le corpus de 12 propositions pour mener l’Europe vers une baisse de 55 % de ses émissions de CO2 d’ici à 2030. Parmi elles, un dispositif porté depuis quinze ans par Paris et connu sous le nom barbare de « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ». En clair, une forme de taxe carbone, même si, dans les faits, il ne s’agit pas d’un impôt, qui aurait nécessité une unanimité des Vingt-Sept. Envisagé pour 2023, ce mécanisme vise à imposer aux marchandises produites hors UE la tarification carbone en vigueur sur les mêmes produits européens, de façon à compenser l’écart entre les normes de l’Union et celle des pays tiers. La recette pourrait atteindre entre 5 et 14 milliards d’euros par an et servira à rembourser la dette levée pour financer le plan de relance.
Reste que cet outil fait déjà grincer des dents. A l’intérieur des frontières européennes d’abord. Certains industriels de la sidérurgie ne pourront plus faire « fuiter le carbone » en déplaçant leurs usines dans des pays moins exigeants pour réimporter leur production par la suite, d’autant que le prix européen du carbone va être revu à la hausse. Hors des frontières aussi, ça coince. L’UE va devoir affûter ses arguments pour convaincre l’OMC et ses partenaires chinois et américain remontés contre une barrière douanière jugée illégale. Un exercice d’équilibriste attend les Vingt-Sept avec l’ouverture des négociations. Ce qui constitue un défi tout sauf anodin, pour une Union qui brille d’ordinaire par ses difficultés à dégager un consensus. La crédibilité politique de l’Europe et de son Green Deal sont néanmoins à ce prix.