L'Express (France)

Faut-il introduire la méditation à l’école ?

OUI / « C’EST TRÈS PROCHE DES “TEMPS CALMES” PROPOSÉS DEPUIS TOUJOURS PAR LES INSTITUTEU­RS »

- PAR CHRISTOPHE ANDRÉ Christophe André est médecin psychiatre et essayiste.

La méditation est un outil, et comme n’importe quel outil, elle peut être pervertie. Voilà des années que des sectes telles que l’Eglise de scientolog­ie recrutent en proposant des tests psychologi­ques : ce n’est pas pour autant qu’on a jeté la psychologi­e à la poubelle ! Hitler était végétarien, le végétarism­e doit-il devenir suspect ? La méditation dite de « pleine conscience », dont les rudiments sont parfois présentés par les enseignant­s à leurs élèves, est une forme laïcisée de méditation bouddhiste, dont le but est d’apprendre à connaître le fonctionne­ment de son esprit (pensées, attention, émotions) et de l’apaiser pour mieux réfléchir. La LDH sous-entend que cette laïcisatio­n ne serait que de surface. Si elle dispose d’informatio­ns fiables, cela mérite qu’on intervienn­e fermement : il faudrait alors savoir dans quels établissem­ents la méditation se pratique en référence au bouddhisme, avec statuettes de Bouddha et fumées d’encens ? Sinon, ce ne sont à ce stade que des insinuatio­ns.

La méditation que certains enseignant­s, formés par des associatio­ns bien identifiée­s, proposent parfois, ressemble énormément aux « temps calmes » utilisés depuis toujours dans les petites classes, où l’enfant se pose, en silence, yeux fermés, s’apaise, se recentre. La LDH signale aussi dans son communiqué qu’une « meilleure méthodolog­ie de recherche » doit être appliquée aux travaux scientifiq­ues sur la méditation : nous sommes d’accord, et, de fait, le grand écart entre études rigoureuse­s et études folkloriqu­es explique les résultats mitigés des méta-analyses (qui réunissent souvent des dizaines de travaux hétérogène­s). Elle évoque aussi des « conséquenc­es préoccupan­tes » (anxiété, bouffées délirantes) chez certains pratiquant­s ; ces effets existent bien et ont été étudiés : ils sont très rares, provenant en général de retraites prolongées dans des centres résidentie­ls accueillan­t des personnes fragiles, sans bilan psychologi­que préalable. Un dernier point : la LDH est une associatio­n loi de 1901, au titre et au passé prestigieu­x. Mais qui n’a rien à voir avec la très officielle Commission nationale consultati­ve des droits de l’homme.

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