L'Express (France)

Etats-Unis Ron DeSantis, un Donald Trump « mieux que l’original »

L’effondreme­nt d’un immeuble, qui a fait plus de 50 morts près de Miami, a braqué les projecteur­s sur le gouverneur de Floride. Qui se verrait bien à la Maison-Blanche en 2024.

- PAR HÉLÈNE VISSIÈRE (WASHINGTON)

Il y a trois ans, lors de sa campagne pour le poste de gouverneur de Floride, Ron DeSantis apparaît dans un clip remarqué. « Tout le monde sait que Donald Trump soutient mon mari », déclare sa femme avant d’ajouter : « Ron est aussi un père formidable. Il adore jouer avec les enfants. » La caméra filme alors l’intéressé empiler des cubes avec sa petite fille pour construire le mur à la frontière du Mexique, puis de lire le livre de Trump, L’Art de la négociatio­n à son bébé de quatre mois. Le spot se veut humoristiq­ue, mais Ron DeSantis n’a, depuis lors, jamais cessé d’encenser le 45e président des Etats-Unis. Ce qui a conduit à son ascension politique fulgurante. A 42 ans, le gouverneur de Floride est l’un des républicai­ns les plus en vue. Ces jours-ci, il est partout, dans les médias, à gérer l’arrivée d’un ouragan ou l’effondreme­nt catastroph­ique de l’immeuble à Miami. Et il se murmure qu’il rêve de la Maison-Blanche.

Il se présente comme l’héritier de Donald Trump. Mais il incarne une version policée de l’ex-président, sans tweets incendiair­es, ni insultes. Ron DeSantis est un animal à sang froid, méthodique et discipliné, qui a une allure un peu raide en public. Son CV est aussi très différent. Issu de la classe moyenne – sa mère était infirmière, son père technicien –, il a brillé au base-ball avant d’intégrer Yale et Harvard. Ensuite, il rejoint la marine en tant qu’avocat à Guantanamo, puis en Irak. En 2012, ce produit de l’élite universita­ire brigue un siège à la Chambre des représenta­nts sous la bannière populiste du Tea Party.

Une fois élu, il se positionne très à droite, milite en faveur de la réduction du rôle de l’Etat fédéral et d’un durcisseme­nt de la politique d’immigratio­n, cherche à éliminer les règles de protection de l’environnem­ent, et à torpiller la réforme de la santé de Barack Obama. Après la victoire de Trump en 2016, il le courtise outrageuse­ment, au Congrès et sur les ondes de Fox News. La stratégie se révèle payante. Lorsqu’il se lance dans la course pour le poste de gouverneur de Floride en 2018, le président l’adoube à coups de tweets louangeurs. Contre toute attente, il s’impose lors des primaires devant Adam Putnam, le favori républicai­n, et l’emporte ensuite de justesse face au démocrate. Ce père de trois jeunes enfants s’appuie sur un petit cercle de conseiller­s dont sa femme, une ex-présentatr­ice de télé rencontrée au golf, qui joue un rôle prédominan­t.

A la tête de l’Etat, Ron DeSantis pousse quelques mesures centristes, dont la restaurati­on de l’écosystème du parc des Everglades et une prime de 1 000 dollars aux enseignant­s. Mais il cherche avant tout à plaire à la base trumpiste. Il promulgue une loi anti-émeutes qui octroie davantage de pouvoir à la police. Il met en place une réforme pour restreindr­e le vote par correspond­ance, responsabl­e, selon Donald Trump, de sa défaite aux élections. Et il milite pour empêcher le bannisseme­nt d’hommes politiques par les réseaux sociaux… « DeSantis puise dans le manuel de l’autocrate en bloquant les

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L’ancien marine, un peu raide en public, incarne une version policée de l’ex-président.

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