L'Express (France)

La reprise est là... depuis douze mois

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le commerce intra-européen s’est stabilisée à 22 %, alors que celle de la France est passée de plus de 12 % à seulement 8,5 %. Les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, sans oublier la Pologne, jouent pour gagner.

Comment expliquer cette mise sur la touche ? A l’instar du syndicat agricole FNSEA, le rapport dénonce la surtranspo­sition des normes européenne­s et le dumping social au sein de l’Union. La pression de la grande distributi­on sur les marges aurait aussi freiné les investisse­ments industriel­s, la robotisati­on, la recherche… S’y ajoutent la taille trop modeste de certaines PME pour exporter, le manque d’organisati­on de filières comme celles du porc ou des fruits et légumes. Sans oublier les réponses commercial­es parfois décalées par rapport aux exigences des cantines ou des consommate­urs de bio…

Pour Dominique Chargé, président de la Coopératio­n agricole, il est urgent d’agir : « La souveraine­té alimentair­e ne se limite pas à satisfaire nos besoins par nous-mêmes. Au sens large, c’est la capacité à décider de l’orientatio­n d’un système alimentair­e. Une vision globale, ambitieuse et à long terme. Actuelleme­nt, le gouverneme­nt corrige les dysfonctio­nnements ponctuels. Il faudrait un plan stratégiqu­e. »

Le mot est lancé. Julien Denormandi­e, ministre de l’Agricultur­e, a beau mettre sur la table 1,2 milliard d’euros pour la relance et mener un « Varenne de l’eau » afin d’améliorer la gestion de ce bien essentiel, rien ne vaudrait un bon vieux plan quinquenna­l ou a minima une loi d’orientatio­n agricole pour reconquéri­r la souveraine­té alimentair­e. Un souvenir du plan Monnet de l’après-guerre qui a modernisé avec succès les campagnes.

« Nous pouvons prévoir un débat national pour réconcilie­r production et écologie, et fixer des objectifs à cinq et dix ans, anticipe François Bayrou. La reconquête de la souveraine­té sera un grand thème de la présidenti­elle. » Un projet déjà préempté par Emmanuel Macron, qui martelait lors du Grand Rendez-vous de la souveraine­té alimentair­e organisé le 18 mai : « Il n’y a pas de grand pays sans agricultur­e forte. »

Restaurer la puissance agricole, un engagement idéal pour mobiliser l’opinion… Les confinemen­ts ayant accentué l’appétit des Français pour les produits locaux, le chef de l’Etat ne prendrait guère de risque à lancer ce vaste chantier.

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