Le grand virage de Quadient
l’ex-Neopost est engagé dans une transition vers des activités prometteuses. Cette stratégie commence à porter ses fruits.
Quadient est n° 2 mondial dans son métier historique. Problème : il s’agit de la fabrication de machines à affranchir le courrier. « Ce marché mature et en décroissance ne rend pas la valeur intéressante, juge David Letellier, directeur de la gestion d’Actis Asset Management. L’attrait du dossier repose plutôt sur le développement de nouvelles activités au modèle économique récurrent, dans les logiciels ou les services. » Via une coentreprise avec l’éditeur de logiciels Esker, le groupe cherche des relais de croissance dans des marchés, comme la dématérialisation des factures ou les solutions de traitement de courrier hybrides (papier et numérique).
« L’activité de consignes colis dans les centres commerciaux ou les immeubles est un des relais de croissance les plus intéressants et profite de l’accélération de l’e-commerce », indique Vincent Boy, analyste marchés chez le courtier en ligne IG. Cette activité a ainsi crû de 36 % en 2020, à 83 millions d’euros, et la croissance accélère au premier trimestre 2021 (+ 68 %). Née aux Etats-Unis, premier marché du groupe, cette offre va se déployer en France, grâce au contrat avec le réseau Pickup (La Poste/DPD) annoncé début juin.
L’ex-Neopost réduit progressivement sa dépendance à son activité historique, même si elle représente encore près des deux tiers de son chiffre d’affaires. « Quadient doit cependant veiller à limiter sa diversification à des marchés où il peut prétendre à des positions significatives », estime Vincent Boy. Le premier actionnaire, Teleios Capital, pousse d’ailleurs à une cession de la division « expérience client ».
Acteur du monde d’avant en pleine réinvention, Quadient n’est pas encore un pure player de ses nouveaux métiers prometteurs. Il y a au moins un avantage pour les investisseurs. « La valorisation du groupe reste modeste eu égard au retour de la dynamique de croissance organique positive sur l’ensemble des activités, considère David Letellier. Les deux sociétés ne sont certes pas comparables, mais, alors que la valorisation boursière d’Esker représente 110 fois ses bénéfices, Quadient se paie moins de 11 fois. » Ce ratio 10 fois inférieur ne valorise peutêtre pas le plein potentiel du groupe.