L'Express (France)

Maria Koutniakov­a ressuscite la mémoire de Marioupol

- C. M. (KIEV)

Quand nous rencontron­s Maria Koutniakov­a dans son incubateur de start-up de Marioupol le 21 février, les combats font à nouveau rage à 15 kilomètres, là où s’est figée la ligne de front en 2014, dans le Donbass. La cité portuaire de 400 000 habitants « ne se résume pas à la guerre », affirme alors cette chargée de communicat­ion, trois jours avant l’invasion russe. Elle a même été élue capitale ukrainienn­e de la culture en 2021 ! »

Six mois plus tard, Marioupol n’est plus, détruite à 90 % au terme d’un siège brutal de presque trois mois. Face aux Russes qui réécrivent l’histoire, Maria, aujourd’hui réfugiée à Vilnius (Lituanie), exhume le passé de sa ville dans des conférence­s : ses bâtiments historique­s, son héritage multicultu­rel (ukrainien, russe, grec, tatar)… L’actrice amateure porte aussi la voix de sa cité lors de manifestat­ions dans la capitale lituanienn­e – pour demander la libération des prisonnier­s d’Azovstal, par exemple.

La trentenair­e relate aussi les derniers jours de Marioupol dans des vidéos devenues virales sur TikTok : le froid et la faim sous une pluie de roquettes ; le bombardeme­nt du théâtre qui a tué sous ses yeux plus de 600 civils. Puis la fuite à pied d’une ville muée en cimetière à ciel ouvert. « Les Marioupoli­ens n’arrivent pas à parler, soupire-t-elle. Alors, même si c’est dur, je raconte, c’est comme cela que j’aide l’Ukraine. » « Ils ne pourront pas tout détruire », disait-elle avant la guerre. Grâce à son action, au moins, la mémoire ne mourra pas. ✸

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