Iryna Rybinkina
La médecin revenue de Nouvelle-Zélande
« Je suis une nazie… et pourtant toute ma famille a été tuée par les nazis », ironise Iryna Rybinkina, sous forme de pied de nez à la propagande russe. Sa grand-mère, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, et son grand-père, chirurgien, l’ont inspirée. En 2004, elle part étudier la médecine en Angleterre pour fuir le sexisme du milieu dans son pays ; elle deviendra l’une des meilleures chirurgiennes de Londres. En décembre 2021, Iryna emménage en Nouvelle-Zélande avec son mari et ses deux enfants. Ses cartons à peine arrivés, la guerre éclate en Ukraine. Durant une semaine, la quadragénaire passe des heures au téléphone avec des médecins, des soldats et des officiels pour les aider à coordonner l’aide médicale. Puis elle prend sa décision : rentrer. A Lviv, la chirurgienne installe le QG de son association, Smart Medical Aid. « Si je pouvais, j’irais au front demain, mais je suis plus utile à trouver 150 000 garrots qu’à sauver cinq personnes après un bombardement », estime celle qui a récolté plusieurs millions d’euros, déniché 90 ambulances, et même des petits gilets pare-balles pour évacuer des orphelinats.
Durant l’entretien, son mari, rentré aux Pays-Bas, l’appelle en vidéo avec sa fille endormie dans ses bras. Iryna ne les a vus que cinq fois depuis son retour. Quelques jours à chaque fois, et, très vite, la culpabilité de ne pas être sur le pont. Un « sacrifice naturel », murmure Iryna, portée par l’exemple de ses grands-parents face à l’Histoire. ✸