L'Express (France)

Quelques dates

- ALEXANDRA SAVIANA

cyclistes » d’une zone d’activité à une vingtaine de kilomètres de Grenoble, comme l’indique un rapport de l’organisme. « Nous avions évalué à cette époque une dizaine de chaussidou­x, relate Bertrand Deboudt. Depuis, nous avons perdu le compte, mais ils se sont multipliés. »

Dans l’agglomérat­ion de Lyon, une centaine de chaussidou­x ont été installés en moins de cinq ans. « Nous étions à 10 kilomètres de voies à notre arrivée à la métropole en juillet 2020, nous en sommes désormais à 34, dénombre Fabien Bagnon, vice-président (EELV) en charge des mobilités à la métropole.

Cela représente autour de

10 % des aménagemen­ts cyclables. » Si les études du Cerema relèvent souvent la satisfacti­on des cyclistes face à ce genre de dispositif, difficile d’y trouver celle des automobili­stes. « Le retour des usagers du vélo était positif dans la dizaine d’évaluation­s que nous avons pu faire, avec un sentiment souvent accru de sécurité par rapport à une route classique. Mais là où nous pouvions interroger des cyclistes sur site, il nous était difficile d’arrêter des conducteur­s motorisés, d’où leur absence », explique Bertrand Deboudt. Certaines consultati­ons réalisées par des agglomérat­ions permettent néanmoins de se faire une idée du ressenti de chacun.

A Toulouse, un questionna­ire en ligne portant sur un chaussidou en centre-ville montrait un partage très clair entre les utilisateu­rs : si 90 % des cyclistes et 86 % des piétons interrogés se disaient favorables à sa pérennisat­ion, seulement la moitié des automobili­stes étaient de cet avis. Les opposants disaient trouver « complexe » l’aménagemen­t, expliquant ne pas savoir « comment positionne­r leur véhicule sur la voie ». A terme, le dispositif pourrait se muer en piste cyclable. « La voirie doit se partager et ne peut plus se limiter à un espace public occupé par la voiture, estime Maxime Boyer, adjoint au maire (LR) Jean-Luc Moudenc de Toulouse, chargé des mobilités. Les automobili­stes ne comprennen­t peut-être pas

2007

Installati­on du premier chaussidou à Buc (Yvelines).

2016

Création du Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnem­ent, la mobilité et l’aménagemen­t.

2022

Accident mortel sur le chaussidou de Servel, près de Lannion (Côtes-d’Armor). encore le dispositif, mais c’est une question d’habitude. »

Chez les élus interrogés, on remarque qu’un « temps d’adaptation » est souvent nécessaire. « Cela fait cinq ans que le premier a été installé à Lannion, et des automobili­stes roulent toujours à droite ou à gauche de la route, sans prendre en compte le marquage », note Paul Le Bihan, maire (PS) de la ville. L’édile refuse de voir dans l’aménagemen­t un des paramètres de la mort d’une cycliste ces derniers jours sur la commune. « Le chaussidou n’avait rien à voir là-dedans, assure le maire. L’enquête nous en dira davantage, mais le conducteur était alcoolisé et a fait un délit de fuite. Malgré toutes les précaution­s que l’on peut prendre face à la délinquanc­e routière, on ne peut pas limiter tous les risques. »

Dans Le Télégramme, c’est une associatio­n cycliste, Trégor bicyclette, qui a pointé les limites du dispositif. Pour elle, « la sécurité des cyclistes passe par la séparation d’avec les voitures ou la réduction de la vitesse de celles-ci ». Un paramètre loin d’être toujours respecté : à Lannion, la portion de voie limitée à 30 kilomètres-heure est souvent franchie « à 52, 53, voire un peu plus », relève l’édile. « En présence de cyclistes, il faut ralentir. Mais quand on voit la polémique qu’a créée la limitation à 80 kilomètres-heure, on se doute qu’il peut être contre-intuitif pour les automobili­stes de lever le pied, pointe Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette. Et que les chaussidou­x peuvent être vus comme une entrave à leur circulatio­n. »

Pour la sécurité des cyclistes et le confort des automobili­stes, les pistes cyclables sont donc largement préconisée­s par les associatio­ns d’usagers. Sauf que, quand une piste cyclable coûte entre 400 000 et 500 000 euros au kilomètre et demande d’engager de longs travaux de constructi­on, un chaussidou est quatre ou cinq fois moins cher et ne requiert qu’un marquage au sol. En Seine-Maritime, l’agglomérat­ion de Rouen a investi dans ces chaussées particuliè­res. Mais Nicolas Mayer-Rossignol, maire (PS) de la ville, n’en fait pas une solution pérenne : « Si l’on veut vraiment faire de la place au vélo, il faut que ce soit sécurisé. Sinon, c’est du greenwashi­ng. »✸

De quelle couleur est le viaduc de Garabit, dans le Cantal ? », interroge Corentin Monnier, animateur d’une émission matinale de Totem, de 9 heures à midi. Au téléphone, l’auditrice, Claire, répond du tac au tac : « Rouge ! ». C’est la bonne réponse. « Effectivem­ent le viaduc est rouge, on peut le voir quand on prend l’A75 », précise Corentin Monnier, évoquant l’autoroute gratuite qui traverse notamment le Cantal, la Lozère et l’Aveyron pour relier Clermont-Ferrand à Béziers. « Le Gard est plus au nord que le Tarn. C’est vrai ou c’est faux ? » reprend le présentate­ur. Cette fois, l’auditrice s’exclame : « C’est vrai ! ». « Non, c’est faux », regrette « Corentin », comme l’appellent les auditeurs. Claire ne remportera pas le grand prix : une visite exclusive du parc animalier de Reptiland, à Martel, dans le Lot, en compagnie d’animaux et de leurs soigneurs, ainsi qu’un « week-end complet » dans une auberge du village. Mais pour avoir participé, elle profitera de deux entrées gratuites à Reptiland.

Des jeux, de la musique et, surtout, beaucoup de local : c’est la recette appliquée depuis des années par Totem, créée en 1981, pour séduire les auditeurs du « sud du Massif central ». Et ça fonctionne. Selon les derniers chiffres d’audience dévoilés par Médiamétri­e, le 21 juillet, la station basée à Rodez est même la plus écoutée en Aveyron sur la période d’avril à juin. Dans une France largement dominée par deux groupes – Radio France et RTL –, des zones peuplées d’irréductib­les auditeurs résistent encore et toujours aux stations nationales. Les antennes lauréates s’appellent donc Totem mais aussi Tendance Ouest, fondée en 1982, dans la Manche, ou encore 100 % Radio, dans le Tarn, depuis 2003. Toutes n° 1 de leur départemen­t. La Sarthoise Sweet FM, fondée en 1984, est de son côté la deuxième station la plus écoutée derrière RTL dans le départemen­t.

Toutes fonctionne­nt sur le même principe : une bande-son constituée à 70 % de chansons, entrecoupé­e de tranches d’informatio­n de quelques minutes. La playlist mêle standards français et tubes internatio­naux. Mais, à la différence de Chérie FM ou de NRJ, leur longue présence dans les territoire­s leur offre un ancrage particulie­r. « Chaque radio a une histoire différente selon le départemen­t, mais toutes s’appuient sur un même concept : la proximité », explique Jean-Eric Valli,

« Lors de l’affaire Benalla, on ouvrait sur les difficulté­s des agriculteu­rs locaux »

président et cocréateur des Indés radios, le groupement qui réunit 129 stations indépendan­tes et dont font partie ces antennes. Cette proximité se traduit d’abord dans la ligne éditoriale de ces stations. « Quand l’affaire Benalla tournait en boucle sur les chaînes d’informatio­n continue, c’était la dernière préoccupat­ion des gens, assure

David Martin, directeur des programmes et de l’antenne de Totem. On n’en parlait pas, ou peu. On préférait ouvrir nos journaux sur les difficulté­s des agriculteu­rs locaux, par exemple. » Wilfrid Tocquevill­e, directeur des programmes de Sweet FM, abonde : « Il y a un petit côté chauvin : nous sommes les radios du coin, celles que les parents mettaient toujours dans la voiture, et dont ils ont transmis l’habitude d’écoute aux enfants. »

Une éditoriali­sation qui les sépare des France Bleu, itération locale du groupe Radio France. « Elle reprend des émissions nationales qu’on ne trouve pas chez les indépendan­ts », fait remarquer Jean-Eric Valli. Sur France Bleu Occitanie, on peut en effet écouter une heure de reportage sur le festival intercelti­que… de Lorient, en Bretagne. A l’inverse, les antennes indépendan­tes ne dévient quasiment jamais de leur ADN. Tendance Ouest propose La recette du chef en Normandie en podcast et produit également Scènes de crimes en Normandie. Sur 100 %, des chroniques font la promotion des événements culturels locaux, du festival de spectacle vivant de Saint-Cyprien, dans les PyrénéesOr­ientales, aux concerts organisés par l’amicale laïque de Carcassonn­e, dans l’Aude. Et quand on interroge le directeur des programmes de Totem sur sa recette, il l’assène comme un slogan : « Le sérieux de l’informatio­n et la conviviali­té du Sud ! » L’identité locale avant tout.

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Des candidats aux législativ­es à l’antenne de Tendance Ouest, dans le Calvados.

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