Quelques dates
cyclistes » d’une zone d’activité à une vingtaine de kilomètres de Grenoble, comme l’indique un rapport de l’organisme. « Nous avions évalué à cette époque une dizaine de chaussidoux, relate Bertrand Deboudt. Depuis, nous avons perdu le compte, mais ils se sont multipliés. »
Dans l’agglomération de Lyon, une centaine de chaussidoux ont été installés en moins de cinq ans. « Nous étions à 10 kilomètres de voies à notre arrivée à la métropole en juillet 2020, nous en sommes désormais à 34, dénombre Fabien Bagnon, vice-président (EELV) en charge des mobilités à la métropole.
Cela représente autour de
10 % des aménagements cyclables. » Si les études du Cerema relèvent souvent la satisfaction des cyclistes face à ce genre de dispositif, difficile d’y trouver celle des automobilistes. « Le retour des usagers du vélo était positif dans la dizaine d’évaluations que nous avons pu faire, avec un sentiment souvent accru de sécurité par rapport à une route classique. Mais là où nous pouvions interroger des cyclistes sur site, il nous était difficile d’arrêter des conducteurs motorisés, d’où leur absence », explique Bertrand Deboudt. Certaines consultations réalisées par des agglomérations permettent néanmoins de se faire une idée du ressenti de chacun.
A Toulouse, un questionnaire en ligne portant sur un chaussidou en centre-ville montrait un partage très clair entre les utilisateurs : si 90 % des cyclistes et 86 % des piétons interrogés se disaient favorables à sa pérennisation, seulement la moitié des automobilistes étaient de cet avis. Les opposants disaient trouver « complexe » l’aménagement, expliquant ne pas savoir « comment positionner leur véhicule sur la voie ». A terme, le dispositif pourrait se muer en piste cyclable. « La voirie doit se partager et ne peut plus se limiter à un espace public occupé par la voiture, estime Maxime Boyer, adjoint au maire (LR) Jean-Luc Moudenc de Toulouse, chargé des mobilités. Les automobilistes ne comprennent peut-être pas
2007
Installation du premier chaussidou à Buc (Yvelines).
2016
Création du Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement.
2022
Accident mortel sur le chaussidou de Servel, près de Lannion (Côtes-d’Armor). encore le dispositif, mais c’est une question d’habitude. »
Chez les élus interrogés, on remarque qu’un « temps d’adaptation » est souvent nécessaire. « Cela fait cinq ans que le premier a été installé à Lannion, et des automobilistes roulent toujours à droite ou à gauche de la route, sans prendre en compte le marquage », note Paul Le Bihan, maire (PS) de la ville. L’édile refuse de voir dans l’aménagement un des paramètres de la mort d’une cycliste ces derniers jours sur la commune. « Le chaussidou n’avait rien à voir là-dedans, assure le maire. L’enquête nous en dira davantage, mais le conducteur était alcoolisé et a fait un délit de fuite. Malgré toutes les précautions que l’on peut prendre face à la délinquance routière, on ne peut pas limiter tous les risques. »
Dans Le Télégramme, c’est une association cycliste, Trégor bicyclette, qui a pointé les limites du dispositif. Pour elle, « la sécurité des cyclistes passe par la séparation d’avec les voitures ou la réduction de la vitesse de celles-ci ». Un paramètre loin d’être toujours respecté : à Lannion, la portion de voie limitée à 30 kilomètres-heure est souvent franchie « à 52, 53, voire un peu plus », relève l’édile. « En présence de cyclistes, il faut ralentir. Mais quand on voit la polémique qu’a créée la limitation à 80 kilomètres-heure, on se doute qu’il peut être contre-intuitif pour les automobilistes de lever le pied, pointe Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette. Et que les chaussidoux peuvent être vus comme une entrave à leur circulation. »
Pour la sécurité des cyclistes et le confort des automobilistes, les pistes cyclables sont donc largement préconisées par les associations d’usagers. Sauf que, quand une piste cyclable coûte entre 400 000 et 500 000 euros au kilomètre et demande d’engager de longs travaux de construction, un chaussidou est quatre ou cinq fois moins cher et ne requiert qu’un marquage au sol. En Seine-Maritime, l’agglomération de Rouen a investi dans ces chaussées particulières. Mais Nicolas Mayer-Rossignol, maire (PS) de la ville, n’en fait pas une solution pérenne : « Si l’on veut vraiment faire de la place au vélo, il faut que ce soit sécurisé. Sinon, c’est du greenwashing. »✸
De quelle couleur est le viaduc de Garabit, dans le Cantal ? », interroge Corentin Monnier, animateur d’une émission matinale de Totem, de 9 heures à midi. Au téléphone, l’auditrice, Claire, répond du tac au tac : « Rouge ! ». C’est la bonne réponse. « Effectivement le viaduc est rouge, on peut le voir quand on prend l’A75 », précise Corentin Monnier, évoquant l’autoroute gratuite qui traverse notamment le Cantal, la Lozère et l’Aveyron pour relier Clermont-Ferrand à Béziers. « Le Gard est plus au nord que le Tarn. C’est vrai ou c’est faux ? » reprend le présentateur. Cette fois, l’auditrice s’exclame : « C’est vrai ! ». « Non, c’est faux », regrette « Corentin », comme l’appellent les auditeurs. Claire ne remportera pas le grand prix : une visite exclusive du parc animalier de Reptiland, à Martel, dans le Lot, en compagnie d’animaux et de leurs soigneurs, ainsi qu’un « week-end complet » dans une auberge du village. Mais pour avoir participé, elle profitera de deux entrées gratuites à Reptiland.
Des jeux, de la musique et, surtout, beaucoup de local : c’est la recette appliquée depuis des années par Totem, créée en 1981, pour séduire les auditeurs du « sud du Massif central ». Et ça fonctionne. Selon les derniers chiffres d’audience dévoilés par Médiamétrie, le 21 juillet, la station basée à Rodez est même la plus écoutée en Aveyron sur la période d’avril à juin. Dans une France largement dominée par deux groupes – Radio France et RTL –, des zones peuplées d’irréductibles auditeurs résistent encore et toujours aux stations nationales. Les antennes lauréates s’appellent donc Totem mais aussi Tendance Ouest, fondée en 1982, dans la Manche, ou encore 100 % Radio, dans le Tarn, depuis 2003. Toutes n° 1 de leur département. La Sarthoise Sweet FM, fondée en 1984, est de son côté la deuxième station la plus écoutée derrière RTL dans le département.
Toutes fonctionnent sur le même principe : une bande-son constituée à 70 % de chansons, entrecoupée de tranches d’information de quelques minutes. La playlist mêle standards français et tubes internationaux. Mais, à la différence de Chérie FM ou de NRJ, leur longue présence dans les territoires leur offre un ancrage particulier. « Chaque radio a une histoire différente selon le département, mais toutes s’appuient sur un même concept : la proximité », explique Jean-Eric Valli,
« Lors de l’affaire Benalla, on ouvrait sur les difficultés des agriculteurs locaux »
président et cocréateur des Indés radios, le groupement qui réunit 129 stations indépendantes et dont font partie ces antennes. Cette proximité se traduit d’abord dans la ligne éditoriale de ces stations. « Quand l’affaire Benalla tournait en boucle sur les chaînes d’information continue, c’était la dernière préoccupation des gens, assure
David Martin, directeur des programmes et de l’antenne de Totem. On n’en parlait pas, ou peu. On préférait ouvrir nos journaux sur les difficultés des agriculteurs locaux, par exemple. » Wilfrid Tocqueville, directeur des programmes de Sweet FM, abonde : « Il y a un petit côté chauvin : nous sommes les radios du coin, celles que les parents mettaient toujours dans la voiture, et dont ils ont transmis l’habitude d’écoute aux enfants. »
Une éditorialisation qui les sépare des France Bleu, itération locale du groupe Radio France. « Elle reprend des émissions nationales qu’on ne trouve pas chez les indépendants », fait remarquer Jean-Eric Valli. Sur France Bleu Occitanie, on peut en effet écouter une heure de reportage sur le festival interceltique… de Lorient, en Bretagne. A l’inverse, les antennes indépendantes ne dévient quasiment jamais de leur ADN. Tendance Ouest propose La recette du chef en Normandie en podcast et produit également Scènes de crimes en Normandie. Sur 100 %, des chroniques font la promotion des événements culturels locaux, du festival de spectacle vivant de Saint-Cyprien, dans les PyrénéesOrientales, aux concerts organisés par l’amicale laïque de Carcassonne, dans l’Aude. Et quand on interroge le directeur des programmes de Totem sur sa recette, il l’assène comme un slogan : « Le sérieux de l’information et la convivialité du Sud ! » L’identité locale avant tout.