Décidément, les néoféministes détestent les femmes
Salman Rushdie, heureusement vivant et plaisantant dès son réveil, devrait nous rappeler à quel point nous sommes en danger, combien nos libertés, nos droits, nos ways of life sont la cible de l’islamisme – qui est un totalitarisme. Dans la torpeur d’un été caniculaire, la tentative d’assassinat de l’écrivain aurait dû être une sorte de douche froide. Un réveil occidental, une reprise en main intellectuelle, un sursaut démocratique aurait dû occuper l’espace médiatique et intime. Alors que la guerre en Ukraine se poursuit et que les morts s’accumulent ; alors que l’ordre géopolitique se redessine, que la
Attaque contre Rushdie, guerre en Ukraine… Les sujets ne manquaient pourtant pas
Russie et la Chine consolident leur leadership à la tête des pays dit du Sud, que la crise énergétique peut accoucher de graves crises sociales en Occident ; alors que pour y remédier nous allons devoir piétiner ce justement pourquoi nous soutenons les Ukrainiens, à savoir la démocratie, la liberté, le droit individuel, en fermant les yeux sur des gouvernances autoritaires et liberticides ; alors que nous avons laissé, une fois de plus, les mains libres à Recep Erdogan, le néosultan, sous prétexte de valider l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan, qui a déjà commencé à pilonner les positions kurdes – nos si précieux alliés si lâchement abandonnés – dans le nord de la Syrie, et qui réclame l’extradition de réfugiés politiques turcs et kurdes en Europe ; alors que l’extrême droite, la vraie, s’apprête à prendre les rênes du gouvernement italien, ce qui a occupé la France fut de savoir si un homme pouvait être enceint – je vous vends la mèche tout de suite, la réponse est non. Le monde brûle dans tous les sens, et la France débat de l’utérus inexistant des hommes (voir aussi page 32).
Le Planning familial, cette institution qui a tant fait pour les droits des femmes à disposer de leur corps, qui a permis à des adolescentes, des femmes d’accéder à la contraception et à l’avortement, a été gangrené par des militants de toute évidence déscolarisés en classe de cinquième. Comprenez-moi bien, chers lecteurs, que la lutte contre la transphobie soit légitime, qu’il soit inadmissible de refuser un emploi, un appartement, l’accès d’un restaurant à une personne transgenre, d’accord, mais non, les hommes ne peuvent pas être enceints. Il n’est ni insultant, ni réducteur, ni méchant de le dire ou l’écrire. L’homme enceint est une femme qui a gardé son appareil reproductif féminin et dont l’enveloppe est masculine. Les hormones peuvent changer l’apparence d’une personne, sa voix, sa pilosité, sa masse musculaire, mais elles ne peuvent pas faire pousser un utérus à un homme. C’est impossible. La biologie n’est pas une idéologie entre les mains de mâles blancs dominants réactionnaires d’extrême droite qui mesurent la taille du clitoris et du pénis à la naissance et décident aléatoirement du sexe des bébés – comme nous pouvons le lire sur le site du Planning familial, pour qui « un pénis est pénis, pas un organe sexuel mâle ». Non, un homme ne
Le seul remède contre ce délire idéologique est encore une fois de rire
peut pas devenir une femme, ni une femme un homme, ce qui n’efface en rien la réalité de transidentité.
Les femmes ont intégré depuis des millénaires la haine de leur corps, de leur être féminin. Comme le voile recouvre la honte d’être née femme dans ce corps qui ne peut être que tentation et péché, les néoféministes surfent sur cette haine ancestrale des femmes envers elles-mêmes – il n’est d’ailleurs pas étonnant que les néoféministes soutiennent le voile, cet acte d’effacement du corps des femmes de l’espace public. Ainsi, tout signe de féminité est vu comme une allégeance à la masculinité toxique, toute trace de rouge à lèvres comme une domination patriarcale, tout talon aiguille comme une négation du cerveau. Ces débats ont toujours existé, ce qui est étonnant c’est qu’ils réapparaissent aujourd’hui, alors même que le féminisme a gagné, qu’une femme féminine peut être à la tête d’une grande entreprise et qu’il n’est plus nécessaire de ressembler à un homme pour être prise au sérieux. Mais la haine néoféministe pour les femmes ne connaît pas de limite, au point que le mot « femme » devrait être effacé. Le seul remède contre ce délire idéologique est encore une fois le rire. Rions de cette dinguerie, rions de ces néofemmes qui tremblent d’indignation devant le bruit si dominateur des talons qui claquent, mais se mettent à genoux devant les costards-cravates de papa. ✸