L'Express (France)

C’est parti !

Cette entreprise de cybersécur­ité américaine créée en 1999, cotée sur le Nasdaq depuis 2012, voit sa capitalisa­tion avoisiner les 5,5 milliards de dollars.

- M. P

Une question taraude les éditeurs : le second semestre sauvera-t-il une année 2022 bien mal entamée, entre guerre en Ukraine, campagne présidenti­elle et inflation ? Conscients de la fragilité du marché, ils ont réduit la voilure en cette rentrée littéraire avec 490 nouveautés, soit 31 de moins qu’en 2021. Reste que peu d’entre elles, on le sait, tireront leur épingle du jeu. Pour les quelques premiers petits jours de vente (du 17 au 21 août), un trio se dégage, composé, sans surprise, de Virginie Despentes (absente depuis cinq ans, elle a eu les honneurs de la presse entière), de l’inébranlab­le Amélie Nothomb et du non moins apprécié Laurent Gaudé. Apparaisse­nt aussi, plus loin dans notre liste des fictions, Franck Bouysse, l’auteur remarqué de Né d’aucune femme (2020), et Victoria Mas, auréolée d’un premier roman à succès (Le Bal des folles, 2019) ; tandis que se tiennent tapies, toutprès du top 30, Gaëlle Josse, romancière discrète à la notoriété grandissan­te (Le Dernier Gardien d’Ellis Island, 2014), et la journalist­e Olivia de Lamberteri­e, dont la première fiction, Avec toutes mes sympathies (2018), avait fait sensation. ✸

2. Le Livre des soeurs Par Amélie Nothomb

Célébrée tout l’été dans les pages de L’Express, la reine Amélie ne sera pas, contrairem­ent à l’accoutumée, de la première émission de La Grande Librairie (France 5), le 7 septembre, reprise cette année par Augustin Trapenard. En revanche, comme d’habitude, elle intègre illico la liste des meilleures ventes, avec un 31e roman, chronique familiale qui relate une formidable histoire d’amour entre deux soeurs privées d’affection parentale.

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Rescapé d’une apocalypse planétaire (Et toujours les Forêts), gaucho dans les steppes de Patagonie (Il reste la poussière), adepte du trekking aux prises avec une tempête monstre dans les montagnes albanaises (Six Fourmis blanches)… A 52 ans, la sage étudiante de Nanterre (master de philo et doctorat de sciences politiques) et « spécialist­e » des terres inhospital­ières a déjà eu mille vies. Cette fois, la romancière se glisse dans la peau et la tête de Liam, pisteur-chasseur dans les montagnes d’un pays du Nord, et c’est proprement stupéfiant. Elle est ce trentenair­e sauvage et sanguin, qui préfère la compagnie des bêtes à celle des hommes, ne fait qu’un avec ses chevaux, chante avec les loups et traque les cerfs. Jusqu’au jour où il retrouve sa femme déchirée par un ours et sous son corps, Aru, leur fils de 5 ans, vivant !

Empêtré par cet enfant, il décide de l’emmener à la ville – à six jours de cheval – pour s’en débarrasse­r, non pas chez ses « vieux », alcoolique­s et violents, mais chez un oncle, plus clément. Ce dernier refuse net. Que faire alors de ce « môme qui ne sert à rien » ? Dans un premier temps, aller découvrir le grand lac lointain (« le plus bel endroit du monde » aux yeux de sa défunte femme) et après, on verra bien. La route est sinistre, père et fils, mutiques, se font la gueule, le premier, rongé par le chagrin et la colère, et le second, on l’imagine, par la peur et l’incompréhe­nsion. Une série d’événements – dramatique­s – plus tard, surgissent, enfin, quelques éclairs d’amour paternel. On reste sidérés par la maîtrise de Sandrine Collette, aussi apte à camper la nature qu’à décrypter la complexité des relations humaines. Un beau millésime ! ✷✷✷✷✷

Il y a trente ans, un jeune homme mal dans sa peau débarquait dans la capitale. Il ne ressemblai­t pas à Lucien de Rubempré mais ambitionna­it lui aussi d’écrire. Après Orléans, Reims et Verdun, Yann Moix boucle sa tétralogie autobiogra­phique avec Paris, de loin le meilleur tome de la série car le plus burlesque, veine dans laquelle Moix a toujours excellé (Podium). Dans ce livre initiatiqu­e où il raconte notamment l’écriture de son premier roman, Jubilation­s vers le ciel (1996), on s’attendait à croiser Bernard-Henri Lévy, Jean-Paul Enthoven et ses autres mentors. Mais on n’est pas dans Illusions perdues : il n’est pas question du milieu littéraire.

l’époque, elle avait un nom d’emprunt qu’elle s’était elle-même attribué : Nadja. En russe, le commenceme­nt du mot espérance. Le pseudonyme aussi de la danseuse américaine Beatrice Wanger, qui se produisait alors à Paris. Quand Nadja rencontre André Breton dans la capitale, rue Lafayette, le 4 octobre 1926, elle a 24 ans, lui 30. Elle s’appelle en réalité Léonie Delcourt, a fui la commune du Nord où sa famille tirait le diable par la queue pour faire carrière dans les arts de la scène. Elle a laissé là-bas une fillette, Marthe, à laquelle elle a donné le prénom de sa soeur aînée morte prématurém­ent, enfant qu’elle doit à un officier des troupes anglaises qui libérèrent Saint-André-lezLille en 1918.

Rue Lafayette, le poète, qui a commis Le Manifeste du surréalism­e deux ans plus tôt, est séduit par le port de tête et les « yeux de fougères » de la passante. « Il fut probableme­nt le premier homme à reconnaîtr­e son intelligen­ce », note Hester Albach qui consacra une biographie à Léonie-Nadja en 2009, chez Actes Sud. Leur relation directe – mi-amoureuse mi- « surréelle » – ne dure que neuf

A

Les sociétés accolant le terme « cybersécur­ité » à leur activité sont légion, mais rares sont celles qui sont devenues incontourn­ables. Qualys en fait partie. On est très loin du gigantisme des mastodonte­s de la Silicon Valley, mais cette entreprise de taille moyenne, qui excelle dans son métier, mérite que l’on s’y attarde.

Ne serait-ce que pour de bas motifs cocardiers. Qualys a en effet été fondée dans l’Hexagone en 1999, par Gilles Samoun et Philippe Langlois, et portée à maturité par Philippe Courtot, qui en a pris les commandes dès 2001. Cela dit, l’entreprise s’est très vite tournée vers la Californie pour prendre son envol et briller dans le ciel technologi­que, à une époque où les étoiles étaient plutôt filantes. Courtot et ses compères ont su capter le potentiel de l’informatiq­ue en nuage, plus communémen­t appelé « cloud ». D’ailleurs, Qualys est souvent décrite comme l’une des entreprise­s pionnières de la sécurité en mode SaaS (« sofware as a service »).

Près de la moitié des 500 plus grosses entreprise­s américaine­s sont aujourd’hui ses clientes. L’offre du groupe doit être perçue comme une sorte de parapluie qui vient sécuriser l’infrastruc­ture cloud d’une organisati­on, en centralisa­nt diverses solutions de cybersécur­ité. Le principal produit, la plateforme Qualys Cloud, repose sur des capteurs qui exercent un contrôle continu des systèmes de sécurité. Il s’agit d’un outil d’agrégation et de centralisa­tion de solutions tierces. Ce modèle fait peser l’essentiel de la charge de R&D sur d’autres entreprise­s que Qualys, qui peut dès lors se concentrer sur l’intégratio­n des outils.

Nous avons affaire ici à un modèle économique qui fonctionne bien, très profitable et jouissant d’une croissance naturelle. On est assez loin des performanc­es survitamin­ées mais instables de certains acteurs plus jeunes qui courent depuis des années après leur rentabilit­é. D’ailleurs, le chiffre d’affaires de l’entreprise reste modeste : s’il a quintuplé en dix ans, il n’est passé que de 76 à 411 millions de dollars. Le but de Qualys est de proposer au client du tout-en-un facile à installer et à contrôler dans la jungle des offres de cybersécur­ité. Et l’entreprise a parfaiteme­nt su répondre à la demande avec un produit qui lui permet d’afficher des marges largement supérieure­s à celles de ses pairs (47 % pour la marge d’Ebitda contre seulement 24 % pour la médiane du secteur).

Commercial­ement, Qualys bénéficie de la prime de l’acteur en place : les développeu­rs de solutions de cybersécur­ité se doivent d’être intégrés dans la solution cloud du groupe s’ils veulent percer chez un client. D’ailleurs, 41 % des ventes de Qualys sont indirectes, c’est-à-dire réalisées par les différents fournisseu­rs de solutions de cybersécur­ité. Les grands intégrateu­rs et cabinets de conseil apprécient la possibilit­é d’installer une solution clefs en main chez leurs clients, et les géants du cloud sont sensibles à la souplesse d’une plateforme qui centralise toutes les solutions, limite les problèmes de compatibil­ité et permet de rassurer les clients. C’est la raison pour laquelle Qualys est parvenue à une position presque incontourn­able. La société est à la croisée des chemins avec un positionne­ment stratégiqu­e à haute valeur ajoutée à moindres frais. Avec cette solution « tour de contrôle », elle permet à ses clients de contrôler et surveiller tous les actifs connectés sur un réseau.

Quelques mots sur le secteur. Il va sans dire que la cybersécur­ité est en pleine expansion. L’époque où les organisati­ons de taille respectabl­e décidaient de façon discrétion­naire où elles choisissai­ent de placer le curseur de la sécurité informatiq­ue est révolue. Désormais, il faut être protégé sur la base de standards de plus en plus exigeants. Avec sa gestion prudente et avisée et ses outils bien calibrés, Qualys devrait continuer à trouver dans cette tendance de fond une source de croissance rentable.

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