«LA PRÉSENCE DES MIGRANTS EST UN RAPPEL À NOTRE HUMANITÉ »
L’expulsion d’un ressortissant étranger est une mesure administrative d’une particulière gravité qui ne doit être prononcée, sous contrôle du juge, qu’en cas de nécessité absolue. Les textes actuels du droit français confèrent déjà de larges et mêmes excessifs pouvoirs au ministre de l’Intérieur et aux préfets pour prononcer de telles mesures d’expulsion. Pourtant, cela ne suffit pas à Gérald Darmanin qui, sans vision politique à long terme, n’hésite pas à instrumentaliser la statistique au mépris de la détresse de femmes, d’hommes, d’enfants qui ont subi menaces et persécutions, ou tentent de survivre à des drames de grande ampleur : guerres et conflits, cataclysmes sociaux ou écologiques.
La présence des migrants témoigne d’un parcours, d’une histoire, d’une humanité souffrante et, à ce titre, elle est un rappel à notre propre humanité. La réponse doit être une politique d’accueil en phase avec les défis contemporains, respectant les droits fondamentaux, ceux des étrangers comme les nôtres. Or les annonces ministérielles relèvent plutôt d’un parti pris électoraliste xénophobe : expulsion dès le rejet de la demande d’asile, expulsion en cas de « délits graves », délivrance des titres de séjour conditionnée à « l’obtention d’un certificat prouvant la maîtrise du français », outre un renforcement du renseignement et de la surveillance à l’égard des immigrés d’emblée présentés comme suspects. Cette mise en sympathie avec les thématiques d’extrême droite ne fera que la renforcer, sans régler aucun des problèmes de l’immigration. Elle fragilise à double titre les fondements de notre démocratie républicaine. D’une part, elle accroît les pouvoirs de l’exécutif et de l’administratif au détriment du judiciaire ; et surtout, elle fait litière de droits fondamentaux tels que l’accès aux soins, à l’éducation, le droit à la vie de famille. Or dénier ses droits fondamentaux à une partie de la population aboutit à leur négation même. Cela revient à ouvrir grandes les portes de l’arbitraire et de la discrimination.