L’AIR ÉTAIT TOUT EN FEU
PAR CAMILLE PASCAL. ROBERT LAFFONT, 346 p., 22 €. ✷✷✷✷✷
1718, année électrique. Alors qu’un incendie détruit le Petit-Pont, d’autres flammes s’élèvent dans Paris. La vengeance est un plat qui se mange chaud. Depuis peu au pouvoir, et sur les conseils de son ami Saint-Simon (ce génie), le Régent songe à dégrader les bâtards légitimés de Louis XIV. L’un d’eux, le duc du Maine, est marié à la terrible Louise-Bénédicte de Bourbon, petite-fille du Grand Condé. Depuis son château de Sceaux, cette naine caractérielle rêve de renverser le Régent. Elle s’active donc en sous-main en s’alliant avec Philippe V d’Espagne, des diplomates, des aventuriers et quelques prélats dont le cardinal de Polignac – épisode historique connu sous le nom de conspiration de Cellamare. En s’invitant dans les coulisses de cette époque romanesque en diable et en jouant avec la langue du début du xviiie siècle, Camille Pascal s’en donne à coeur joie.
De Stendhal à Sollers, Saint-Simon fut longtemps une référence de la littérature française. Il est aujourd’hui délaissé et on en voit le résultat dans les livres qui sortent : appauvrissement et abêtissement. Remonter à cette source donne à Pascal vitalité stylistique, humour vachard et curiosité pour les arrière-cuisines du coeur humain comme du pouvoir. Un temps plume de Nicolas Sarkozy et de Jean Castex, Pascal sait que les palais de la République ne valent pas mieux que ceux de l’Ancien Régime. Les intrigues sont éternelles. Dans L’air était tout en feu, les courtisans entrent dans la danse et les ambitions valsent. Une cabale peut donner lieu à une sorte de bal.