L'Express (France)

SCPI : investir avec discerneme­nt

L’indexation des loyers en fait un parfait produit anti-inflation. Mais gare aux valorisati­ons qui pourraient souffrir. Une sélection s’impose !

-

Avec des prix en hausse de 5,8 % sur un an en août, difficile de sauvegarde­r son pouvoir d’achat contre l’inflation. L’immobilier locatif semble être une voie toute tracée. Et pour cause : les loyers sont indexés sur l’inflation. Le plus simple consiste à se tourner vers les sociétés civiles de placements immobilier­s (SCPI), qui acquièrent un parc de biens immobilier­s et reversent aux porteurs de parts leur quote-part de loyers. Elles ont dégagé 4,45 % l’an dernier.

Mais le diable se cache dans les détails. Tout d’abord, la loi a plafonné la hausse des loyers commerciau­x à 3,5 % cette année. « Cela ne concerne que les PME de moins de 250 salariés, qui ne sont pas l’essentiel des locataires des SCPI », tempère Pierre Garin, directeur du pôle immobilier de Linxea. Mais, même sans cela, il faut que les gestionnai­res de fonds arrivent à répercuter parfaiteme­nt la hausse des prix auprès de leurs locataires, ce qui n’est pas évident lorsque le contexte économique se dégrade. Selon la santé financière des entreprise­s, les discussion­s risquent d’être plus ou moins tendues. « C’est sur l’immobilier de commerce qu’il faut être le plus attentif, car les loyers représente­nt une part importante du chiffre d’affaires, estime Antoine Depigny, directeur du développem­ent chez Primonial REIM

France. Il faudra être pragmatiqu­e, car certains locataires risquent de ne pas être capables d’absorber la hausse, qui s’annonce très importante pour 2022. »

Autre point à avoir en tête : le retour de l’inflation s’est accompagné d’une hausse des taux d’intérêt. Un phénomène qui a de nombreux impacts. « Jusqu’à présent, les SCPI pouvaient s’endetter à bas coût pour augmenter leurs acquisitio­ns et ainsi améliorer leur rendement, note Pierre Garin. Certains abandonnen­t désormais l’idée ou réduisent leur endettemen­t. » Autre effet, encore plus pénalisant : la hausse des taux pèse sur la valorisati­on du marché immobilier. Seuls les biens les plus prisés en sortiront indemnes.

Dans ce contexte, mieux vaut diversifie­r ses investisse­ments sur plusieurs produits et gérants. Attention aussi à bien sélectionn­er ses placements, en particulie­r dans la catégorie des SCPI de bureaux, qui subit une transforma­tion post-Covid de ses usages. « On achète aujourd’hui de l’immobilier de bureau à un prix supérieur à celui d’avant le Covid, alors qu’avec le télétravai­l il y aura moins de besoins de surfaces à long terme », s’émeut Guillaume Fonteneau, conseiller en gestion de patrimoine indépendan­t.

Les SCPI qui résisteron­t le mieux sont celles qui se sont adaptées aux attentes des locataires. « Il faut privilégie­r les SCPI avec un parc récent, des bureaux bien placés et compatible­s avec le flex office », poursuit Guillaume Fonteneau. L’efficacité énergétiqu­e est un plus, notamment la détention du label ISR. Il est aussi possible de profiter de la bonne dynamique de la logistique, dont la croissance permet d’absorber des hausses de loyers. A petites doses toutefois, car le marché est limité et les prix sont tendus.

Quoi qu’il en soit, il faudra surveiller les évolutions de prix des parts de SCPI. La valeur de leur patrimoine déterminé chaque année par expertise et le prix de la SCPI doit s’en approcher de plus ou moins 10 %. Actuelleme­nt, une grande majorité de supports affichent des prix de part inférieurs à la valeur réelle du patrimoine. Une situation plus confortabl­e pour les épargnants, notamment si les prix de l’immobilier devaient baisser. ✸

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France